“Les dirigeants du Fis ne feront plus de politique”

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De notre envoyé spécial à Laghouat : Ali Boukhlef

“A mes frères du parti dissous qui se disent lésés par la charte, je dirai qu’ils peuvent rentrer au pays mais qu’ils n’auront plus droit de faire de la politique. Ils doivent surtout savoir que le peuple algérien n’a pas oublié et ne pardonne pas ce qu’ils ont fait en instrumentalisant la religion », a notamment déclaré le président de la République devant une foule nombreuse à qui il a versé un discours empreint de religiosité au début de son intervention avant de rappeler « que leur retour à la scène politique est impossible ». C’est en effet les caractéristiques, très religieuses, de la région qui ont poussé Abdelaziz Bouteflika à faire référence à chacune de ses phrases aux zaouïas et saints de la ville de Laghouat et de ses environs. Cela n’a pas empêché l’invité de la ville à parler de son projet, la charte pour la paix et la réconciliation nationale, qu’il dit être la seule solution « possible actuellement ». « Je ne suis ni un globe-trotter ni un prophète en sillonnant les villes du pays pour prêcher la réconciliation nationale, mais je suis convaincu que le mal est en Algérie et non ailleurs », a répondu aussi Bouteflika à ceux qui lui reprochent le fait de se déplacer à travers les régions du pays pour « vendre son projet ». Revenant sur les origines de la crise, le chef de l’Etat dira que les évènements d’octobre 1988  » ont produit une démocratie anarchique « et ont poussé certains »à tuer et violer au nom de la religion ». Comment ? Abdelaziz Bouteflika ne le dit pas mais il dira en substance qu’il a « grandi dans les carcans de l’Etat, ce qui m’a permis de comprendre combien les Algériens se sont entretués », avant de revenir sur la question lorsqu’il demande à l’assistance de « rendre un vibrant hommage à l’armée », sur les accusations portées contre l’institution militaire par une mythique phrase qui en dit long sur l’ambiance qui a régné pendant la décennie noire. « Je suis conscient que lorsque vous prenez un panier de légumes, il se trouve certainement des tomates pourries. Cela ne veut pas dire qu’il faut jeter tout le panier », a-t-il annoncé sans donner plus de détails. A part l’insistance presque récurrente de rendre hommage et à l’armée, aux services de sécurité et aux Patriotes.Toujours sur les origines de la crise, Bouteflika a reconnu pour la première fois le combat des démocrates contre le terrorisme. « Les démocrates, piégés, ont combattu le terrorisme et l’intégrisme par des déclarations et des écrits », a-t-il avancé avant d’apporter une petite nuance en affirmant que « dans leur combat contre le terrorisme, les démocrates ont parfois jeté de l’huile sur le feu ». Et c’est justement là qu’il reviendra sur ses déclarations habituelles en réitérant encore une fois son refus d’une « république islamique et théocratique » tout comme « d’une république laïque ».Signifiant encore une fois que le score réalisé lors des présidentielles d’avril 2004 ne lui donne pas le droit de pardonner au nom des Algériens, Bouteflika a enfoncé ses rivaux lors de ce scrutin par un « le peuple leur a signifié de rentrer chez eux » et que « le peuple savait qui travaillait et qui se limitait à chanter ». Cependant, le Président dit que « nul n’est éternel ». Ce qui ne l’a pas empêché de demander aux jeunes de Laghouat, comme tous ceux de l’Algérie, de « l’aider ». « Aidez-moi, jeunes d’Algérie, parce que votre confiance est très lourde sur mes épaules » ; a-t-il lancé pour une foule de jeunes déchaînés qui criaient « vive Bouteflika », contrairement à une bonne partie de l’assistance, amassée sur les gradins sous une chaleur continentale, qui ont quitté le stade olympique dès le début du discours, auquel ont assisté aussi des dignitaires religieux ou autres, de toute la région de Laghouat.Tout en reconnaissant que la tragédie nationale n’est pas « facile », Bouteflika dira que la réconciliation nationale est la seule solution « possible ». « Si vous ne l’acceptez pas aujourd’hui, vous le ferez demain », a-t-il encore avancé avant de réitérer son opposition à l’idée de l’amnistie générale. « On m’a dit de décréter l’amnistie générale, mais j’ai répondu que je n’étais pas un prophète », a-t-il tranché. Sur la question des disparus, le Président rappelle que lui-même fait partie des « familles de disparus » et appelle à régler cette question dans un cadre « global ». Sinon, le président de la République semble avoir tout dit sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. A quelques jours du référendum qui a déjà commencé chez la communauté nationale à l’étranger, Bouteflika semble en définitive assuré de l’écho qui lui parvient. Il rajoute à son discours habituel, ce qui est devenu maintenant un leitmotiv un « nous sommes berbères arabisés par l’Islam ». Il n’oublie plus de le dire tout comme l’appel incessant à « voter massivement ».

A. B.

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