“ L’Etat nous a abandonné ! ’’

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Avant-hier, les rappelés de l’armée nationale populaire (ANP) au niveau de la wilaya de Bouira, ont organisé un sit-in devant le siège de la wilaya, dans le but de faire valoir leurs droits.

En effet, une cinquantaine de rappelés durant les années noires du terrorisme ont investi la siège de la wilaya, tenant à bout de bras des affiches, où il y avait mentionné « Halte au mépris ! On exige de la reconnaissance » ou encore « Où sont passé nos droits et nos sacrifices ? ». Un des manifestants expliquera : « On est ici afin de crier notre colère et notre désespoir, car on se sent lésé marginalisé et même trahi par cet Etat. Au plus fort des années de braise, ils ont fait appel à nous, afin de veiller à la sécurité des citoyens, on a laissé femmes et enfants et tous nos biens pour répondre à l’appel de la patrie. Par la suite, après que notre pays ait pu recouvrir une certaine paix, on a été abandonné par l’Etat ! » . Dans une atmosphère très pesante, ces ‘’ sacrifiés ‘’ comme ils le clamaient haut et fort devant les grilles de la wilaya, se remémoraient chaque instant de leur lutte implacable contre les ennemis d’hier et…ironie du sort, voisins d’aujourd’hui. A ce sujet, un des protestataires s’indignera : « Comment peut-on garder notre calme et notre lucidité quand on est victime d’une injustice innommable ? Je m’explique : “Je suis un rappelé de l’année 1993, à l’époque où Bouira était une zone ‘’interdite’’, j’ai combattu en compagnie de mes frères d’armes ses scélérats, on les a pourchassés nuit et jour. Cependant, après la loi de la concorde civile, un de ces terroristes repentis, qui avait bénéficié des largesses du pouvoir, s’est trouvé être mon voisin, et figurez-vous, il ose se pavaner devant moi fièrement, en ayant touché une allocation assez conséquente et un appartement. Tandis que moi, et mes camardes, on se retrouve au chômage, sans aucun revenu, livrés à notre triste sort. C’est le comble de l’injustice et de l’ingratitude ! ». Entre temps, le porte- parole de ces citoyens en colère, essayera d’arracher un rendez-vous avec le premier magistrat de la wilaya, dans le but de lui faire part de leurs revendications, mais en vain ! Il a été très vite dissuadé par les forces de l’ordre. Ce représentant notera : « On est présent en ce lieu à la recherche d’une reconnaissance officielle. Depuis 2009, on essaie tant bien que mal de constituer une association à l’échelle de la wilaya, afin qu’on puisse revendiquer nos droits dans un cadre légal. Néanmoins, à ce jour, on fait face à un mépris sans nom de la part des autorités, qui refusent de nous prêter oreille. Autant que je sache, rien n’interdit de se constituer en un groupe ou une association. Cependant, les autorités locales nous traitent comme des pestiférés…Je ne trouve plus les mots pour exprimer mon indignation ! ». Enfin, il est à noter que ces rappelés, ont constitué une plateforme de revendications, contentant pêle-mêle : Une reconnaissance officielle de leur statut, une prise en charge complète des séquelles morales et physiques du fait de leur engagement armé durant la décennie noire, la priorité au logement et à l’emploi…etc.

B.R

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