Farid Daf, un conservateur et archiviste professionnel de la chanson kabyle

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Par Abdennour Abdesselam:

Il est de ces conservateurs assez particuliers qui font de leur métier une vocation mais aussi une responsabilité dévolue, en temps normal, à des institutions étatiques. Il suffit à Farid Daf de lui confier un projet d’hommage autour d’une personnalité du monde de la culture la plus inattendue, la plus inédite qui soit et le voilà sur le terrain de la recherche et du contact dont il a un secret très personnel et passionnel. Combien de fois nous a-t-il gratifiés d’une exposition de photographies très anciennes et de documents sonores aussi riches qu’incroyables. Il dépoussière et exhume tout, sur tous et toutes. Il n’hésite point pour se déplacer même jusqu’en outre-mer pour approcher des artistes qu’on croirait à jamais oubliés ou disparus. Enfin, nous les rencontrons et les écoutons, comme des dieux, nous narrer leur passé et leur part de création dans l’art de la chanson kabyle. Ses manifestations sont consolidées encore davantage par des conférences animées par des hommes et des femmes avertis sur la question. Daf fixe ainsi par l’image et le son tous les témoignages et hommages qu’il organise ou auxquels il prend part en tant que conseiller. Aujourd’hui, il dispose d’une importante banque de données, dont la valeur est déjà inestimable dès la fin d’une manifestation. Son génie tient de ce qu’il a professionnalisé son activité. Farid Daf ne fait pas, ne fait plus dans le bénévolat qui a, depuis fort longtemps, montré ses limites et son inefficacité. Il est entre les maisons de la culture de Tizi-Ouzou, de Bgayet ou encore de Bouira pour mener à bien son activité. L’une des manifestations qui fera encore date est l’hommage qu’il a organisé en collaboration avec la maison de la culture Mouloud Mammeri autour de Zerrouki Allaoua. Il a réussi le pari de faire venir en pèlerinage et en deux temps la fille et le fils du chantre de la chanson kabyle. Mais ce que nous retenons surtout de cet événement, c’est une meilleure maîtrise du public sur le personnage de Allaoua Zerrouki. Mais comment ne pas citer l’autre archiviste de la chanson kabyle, Chami Mohamed d’At Yanni, qui lui aussi continue, dans l’ombre, à travailler dans le même domaine. Nous leur rendons ici, à eux deux, un hommage appuyé.

Abdennour Abdesselam (kocilnour@yahoo.fr)

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