Amnesty International a demandé aux autorités algériennes, l’annulation de l’arrêté signé par le wali de Béjaïa, en date du 08 mai dernier, ordonnant la » fermeture définitive » de toutes les églises protestantes existant sur le territoire de la wilaya
Selon cette même organisation, cette arrêté est une procédure visant l’étouffement de la liberté religieuse en Algérie et une tentative de bloquer les procédures judiciaires entamées par l’Eglise protestante d’Algérie, depuis 2002, pour la récupération du temple protestant sis au centre-ville de Béjaïa, actuellement occupé par l’UGTA.
Enfin, Amnesty International voit dans cet arrêté du wali ordonnant la fermeture de toutes les églises protestantes à Béjaîa une contradiction avec les promesses du changement et de réformes émises par le Président de l’Algérie Bouteflika dans son discours prononcé le mois d’Avril dernier.
Dans ce rapport rendu public, récemment, où elle se penche sur les atteintes à la liberté religieuse en Algérie, Amnesty International a également demandé aux autorités algériennes d’annuler le jugement prononcé le 25 mai dernier, par le tribunal correctionnel d’Oran, à l’encontre de Karim Siaghi, un chrétien originaire de Tizi Ouzou, et qui vit depuis plusieurs années à Oran, condamné pour rappel, à la peine maximale, prévu par le Code pénal en vigueur, de cinq ans de prison ferme assorti d’une amende de 200 mille DA (1400 Euro) pour » atteinte au Prophète de l’Islam « .
Selon cette ONG des droits de l’homme, qui dénonce un » procès injuste « , les faits de ce triste feuilleton ont commencé le 14 Avril précédent lorsque la police judiciaire a arrêté K. Siaghi, âgé de 29 ans, suite à une plainte déposée contre lui pour » atteinte au Prophète de l’Islam « . Retenu durant 48 heures au commissariat, Karim a été interrogé sur ses convictions et sur l’accusation portée contre lui par l’un de ses voisins. Ensuite, et selon la même source, l’accusé a été conduit chez lui par les services de sécurité qui lui ont confisqué son lap-top et des livres chrétiens.
Le 17 du même mois, Karim a comparu devant le procureur général pour répondre à l’accusation d’ » atteinte au prophète Mohamed » selon l’article 144 bis. Le mis en cause a nié en bloc les faits qui lui ont été reproché. N’empêche que le tribunal de la première instance de la ville d’Oran qui a rendu le verdict de ce procès, jugé » injuste » par Amnesty International, le 25 mai dernier, a condamné Karim à cinq ans de prison ferme assorti d’une amende de 200 mille DA, une peine maximale prévue par le Code pénale.
Pour sa part, l’avocat de Karim qui a fait appel, avait déclaré à Amnesty International que le tribunal a prononcé son jugement » sans que la défense ait pu interroger les témoins présentés contre son client et sans présenter aucune preuve « .
De son côté Amnesty International craint que ce procès soit intenté à Karim à cause de ses convictions religieuses et de sa conversion au Christ. Dans ce cas, c’est sa foi même qui est en procès. Pour Amnesty International cette condamnation est en contradiction flagrante avec les engagements internationaux de l’Algérie à respecter les droits fondamentaux de l’homme. » En sa qualité de membre de la convention international des droits civiques et politiques, l’Algérie est tenu à respecter la liberté de conscience et de la religion des personnes, particulièrement, dans son article 18 qui stipule que chacun est libre d’embrasser la religion de son choix « , a soutenu cette ONG.
Boualem Slimani