Deux années après sa création, la télévision nationale Amazigh, TV4, ne cesse de glisser dangereusement hors de ses véritables missions.
Sa dimension nationale, qui devait plutôt tenir de la couverture de ses variantes berbères éparpillées sur le territoire national, se voit transformée et déviée de ses impératifs de réhabilitation du fait berbère dans ce qu’il englobe comme langue, culture et civilisation. Ainsi détournée de ses prérogatives initiales dument assignées, la TV4 se plait intentionnellement de faire dans un virage qui attèle ses programmes sur une politique d’arabisation et d’islamisme rampante et d’acculturation comme c’est d’ailleurs le cas malheureux de la radio locale Soumam de Béjaia Et pour preuve et sujet d’exemple, les génériques de début et de fin de films ou encore d’émissions qui se déroulent à l’écran dans une transcription de pure fantaisie en langue arabe au lieu et place d’une transcription berbère alignée pédagogiquement sur le systéme scolaire officiellement utilisé dans l’enseignement de notre langue. Cette situation installe la confusion chez les élèves qui se retrouvent involontairement décalés par rapport à ce qu’ils apprennent à l’école. Les enseignants de langue berbère, contactés sur ce sujet, sont inquièts face à cette contradiction que subissent leurs élèves. Cette situation anti pédagogique devrait interpeller les institutions hiérarchiques ministérielles de la TV4 afin de mettre un terme à cette machination qui n’a de programme que de saquer l’enseignement d’une langue historiquement réprimée sur sa propre terre algérienne… à moins que les pouvoirs publics ne soient, eux aussi, en accord tacite avec une telle dérive aux conséquences morales et sociales imprévisibles et dont ils assumeront ensemble l’entière responsabilité. On s’explique mal également que la TV4 Amazigh ne couvre pas les séminaires et autres colloques scientifiques et pas seulement ceux qu’organisent le HCA. Il est vrai que lors de ces rencontres sont débattues justement des thématiques qui ne vont pas dans le sens des transformations dangereuses que diffuse à profusion cette télévision qui sombre dans l’archaïsme des idées. Des animateurs et animatrices qui ont été contraints de quitter le média font part des pressions et autres attitudes pour le moins inimaginables affichées par le premier responsable de TV4. Les pressions vont de l’interdiction de l’usage de néologismes jugés » inconvenants » par monsieur TV4 et ce jusqu’à l’établissement d’une liste de plus de 70 personnes déclarées interdites d’antennes pour leurs idées libres et libérées de l’option baathiste du maître. J’ai eu personnellement à résister contre ces mêmes pratiques du même » censeur » alors directeur adjoint de la chaîne deux pendant que j’animais des cours de langue berbère de 1996 à 2002. Avec un tel constat, nous sommes amenés à douter de l’ambiance très contraignante, pour ne pas dire impossible, dans laquelle travaille le personnel de la TV4. Il est urgent que des changements aient lieu car la marmite bouillonnante de la population risque d’exploser.
Abdennour Abdesselam