Djamel Ouarab attend toujours un logement

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Les motifs poussant les citoyens à la révolte sont souvent divers mais ont tous pour origine une forme de hogra, un mot qui revient sur toutes les lèvres. La distribution de logements particulièrement est une motivation également qui incite les citoyens à se révolter

On se souvient de la tentative d’immolation le 23 février dernier, au sein du siège de la wilaya de Djamel Ouarab, paisible citoyen de Bouaklane, dans la commune de M’chedallah.

Ce dernier, âgé de 43 ans et père de 05 enfants avait entamé de multiples démarches pour alerter les autorités sur sa situation peu reluisante. Habitant à sept dans un modeste taudis composé d’une pièce et d’une cuisine, Djamel s’est vu refusé par les services de la Sonelgaz le raccordement de son foyer au gaz de ville.

Il demeure l’un des rares habitants de la région à parcourir bonbonne de gaz sur les épaules, les rares dépôts de gaz butane de la localité. Sa modeste demeure est en effet enchevêtrée entre deux immenses bâtisses, d’où l’absence d’aération et d’ensoleillement. Cette carence accentue d’autant plus la santé fragile de ses enfants, dont 03 d’entre eux souffrent de rhumatisme articulaire aigu (R.A.A).

Les soins sont très coûteux et chaque 21 jours, les injections d’extencilline sont nécessaires pour leur éviter des complications. Sa fille âgée de 06 ans a développé une grave maladie ayant affecté son goitre. Une complication de plus due au logement vétuste qu’il occupe depuis des années. Même les citoyens de la localité ont appuyé les rapports envoyés aux autorités par plus de 182 signatures. Mais aucune suite aux doléances exprimées par Djamel. Pour compliquer le tout, son voisinage n’a pas trouvé mieux que de lui barricader l’accès à sa demeure.

En 2009 pourtant, Djamel aura une bonne surprise en voyant son nom figurer sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Une surprise de courte durée puisqu’au final, et après examen de la commission de recours, son nom sera enlevé de la liste des bénéficiaires.

Après moult démarches qui sont restées sans suite, le jour de son 43ème anniversaire, Djamel passera à l’action. Après une nuit passée aux urgences de l’hôpital de M’chedallah où il avait évacué en urgence sa fille de 06ans emprise à une crise, le malheureux père de famille se rendra à la wilaya dans l’espoir d’une entrevue avec le wali. Peine perdue, comme lors des précédentes tentatives, on l’orientera vers un subalterne.

Devant ce qu’il qualifie de hogra, il ira chercher un bidon d’essence et s’en aspergera le corps dans l’enceinte même du siège de la wilaya. Fort heureusement pour lui, les agents de sécurité l’empêcheront juste à temps d’actionner son briquet. Emmené manu militari au commissariat de police, il expliquera, une nouvelle fois son geste. Quelques jours plus tard, il sera convoqué cette fois par la justice. Devant son refus de signer le P.V, le procureur interviendra pour le convaincre, mais peine perdue. Sans pour autant se démonter, Djamel crie qu’il est victime d’une bureaucratie sans nom et que son désir de bénéficier d’un logement est sa seule raison de vivre.

Djamel nous montrera plusieurs photos de son taudis, de même que près de 22 accusés de réception de différents courriers envoyés aux autorités de daïra et de wilaya aux fins de les interpeller sur son triste sort. Aujourd’hui, alors que la liste de 127 bénéficiaires de logements de Raffour a été affichée, son nom n’y figure toujours pas, et d’ailleurs nombreux sont les mécontents qui ont paralysé la RN 05 durant les journées de mercredi et de jeudi derniers, sans que les forces de l’ordre n’interviennent.

“Le logement est la seule chose de concrète que je pourrais laisser à mes enfants….. Un toit digne de ce nom, pour qu’ils puissent évoluer dans un milieu sain et salubre, c’est tout ce que je souhaite actuellement», dira Djamel anxieux face à son avenir. En voulant revenir sur son geste qui l’a conduit à la tentative d’immolation, il avouera ne pas regretter tellement son désespoir est grand. “Si je reste patient c’est juste pour mes enfants ‘’. Interrogé s’ il ne recommencera plus d’attenter à sa vie, c’est un silence long qu’on aura comme réponse.

Hafidh B.

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