Impliquer le citoyen dans la lutte contre l’apparition des feux de forêts, afin de préserver le patrimoine forestier en régression exponentielle était l’objectif premier de la journée de sensibilisation contre ce phénomène ravageur organisée par l’APC d’Amizour le samedi dernier avec le concours du comité opérationnel de lutte contre les feux de forêts.
Les intervenants lors de cette rencontre de proximité notamment les services des forêts, de la Protection civile et de la gendarmerie ont tous plaidé à l’implication entière des riverains des zones forestières et du citoyen tout court dans la prévention des incendies et aussi dans la propagande de sensibilsation et d’extinction des feux. La wilaya de Béjaia s’offre un taux élevé en surface forestière (35%), dépassant de loin la moyenne nationale (11%), mais ce trésor naturel ne cesse de régresser, car il est la proie de nombreux incendies nous rappela M.Dargaoui, officier à la conservation des forêts. Le garde forestier estime toutefois que le phénomène affiche un net recul ces dernières années, en citant comme exemple le pic enregistré en 1999 avec 1100 hectares partis en fumée dans cette wilaya, avec seulement 861 hectares brulés par 56 incendies en 2010, dont 232 hectares de végétation calcinés pour la seule commune d’El-Kseur.
Ces dégâts ayant touché les forêts, maquis, broussailles et champs de culture ont couté la bagatelle de 8, 523 millions de Dinars, avec environ 2 millions de Dinars endossés aux propriétaires des arbres fruitiers pour les 360 hectares détruits. Le représentant de la Protection civile d’Amizour, M. Benchibane revient quant à lui aux difficultés rencontrées par les sapeurs pompiers de son unité lesquels activent sur un champ d’action de plus de 324Km carrés, représentant les deux daïras d’Amizour et Barbacha. Ajouter à cela, l’absence d’accès à certains endroits boisés, des pistes non aménagées causant des pannes aux véhicules d’intervention et l’absence de points d’eau.
Présentant leur bilan de l’année écoulée, l’on a enregistré un total de 261 hectares dévastés par les feux, dont 37 hectares à Amizour pour 51 départs de feux et 85 hectares à Kendira pour uniquement 6 départs de feux. Cela explique que le nombre d’incendie n’est pas un bon indicateur de la gravité du phénomène mais surtout l’etendue de la surface brulée. Les facteurs d’apparition des feux de forêts sont nombreux, selon l’intervenant qui citera à titre d’exemple la prolifération des dépôts d’ordures véritables foyers d’incendies. Le pompier d’Amizour ira jusqu’ à rappeler les tristes moments vécus en l’an 2000 par les habitants de la région de Tadart Tamokrant et Mazkouane, localités situées à proximité d’un massif fortement boisé. Un décès au niveau de ce dernier village relevant de la commune de Boukhlifa, 5 blessés à Tadart et 8 habitations détruites à leur fin au village de Targa Ouirane confirmera l’agent de la Protection civile. En terme de moyens de prévention et de sauvegarde des forêts, il est inscrit dans le programme national de 2000 le reboisement de 6.000 hectares par an, ou l’on a atteint déjà 9 hectares à Amizour. La conservation des forêts de Bejaia affirme avoir réalisé des tranchées pare-feux et des points d’eau, ainsi que l’ouverture de 100Km de pistes pour faciliter l’accès aux troupes d’extinction des feux, avec 18Km réalisés déjà à Toudja, 8Km à Kendira et 6Km à Amizour. De son côté le brigadier d’Amizour a axé son intervention sur le rôle que peut jouer la gendarmerie dans la lutte contre les incendies de forêts avec la coordination de tous les acteurs anti feu, tout en rappelant le code pénal qui réprime les actes criminels involontaires ou délibérés avec des peines lourdes allant de plusieurs années de prison ferme pour les premier cas jusqu’à la peine capitale pour le seconds cas. L’édile de la municipalité d’Amizour lui a fait appel au mouvement associatif local d’être à l’avant-garde dans la lutte des feux de forêts en s’investissant dans l’information et la sensibilisation afin, dit il de mettre en échec toute tentative des pyromanes qui se manifestent surtout en pleine saison de grande chaleur. Cela ne va que préserver les quelques carrés de forêts restant pour maintenir l’écosystème et protéger ce qui peut l’être.
Nadir Touati