Dalil Omar, Une voix argentée

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Par Abdennour Abdesselam :

Parti trop tôt au bout d’une carrière artistique à peine entamée mais combien prometteuse et captivante, Dalil Omar s’est illustré sur des thèmes socialisés mais comme renouvelés à la fois. Il y a quelques années, un vibrant hommage lui a été rendu dans sa ville Larbaâ Nath Iraten en présence de sa famille. Son épouse n’hésita pas à nous parler de lui avant et après leur union avec aise et sans faux-semblants. D’une voix sincère, elle nous dira qu’au-delà de cette union maritale, il y avait aussi beaucoup d’amitié entre elle et Omar. Elle conserve encore les lettres d’échanges sentimentales qu’ils s’envoyaient discrètement sur la route principale, route arquée et bouillante de Larbaâ Nath Iraten. Ses enfants redécouvraient alors un père artiste autrement. Un moment d’une intense chaleur sera la prise de parole du défunt Moqran Agawa, cet autre fils de la région et non moins déclamateur attitré de la liturgie kabyle. Nous avons beaucoup «disserté» autour de sa fleur des montagnes (tawerdett idurar) qui n’a perdu aucune de ses pétales et continue d’embaumer la ligne de crête de sa majestueuse montagne maintes fois célébrée : le Djurdjura. De sa voix argentée, Dalil Omar, de son vrai nom Ouar Aomar, a ébloui ses aînés comme Cherif Kheddam qui disait de lui, déjà à ses débuts entamés, qu’il fera du chemin dans la chanson kabyle. Hélas, aujourd’hui, la nouvelle génération ne sait pas qu’il est passé par-là juste à côté des ondes de la chaîne deux, alors seul canal privilégié de la diffusion jusqu’à très récemment. Il est de la génération des Aït Mislayen, de son ami Rabah Oufarhat, des Atmani, Slimani et autre Mouloud Habib qui ont su se placer en charnière et transmetteurs entre deux générations successives après les dimensions qu’étaient (et que continuent d’être encore aujourd’hui) les Kamal Hemmadi, Cherif Kheddam, Oukil Amar et tant d’autres encore. Avec sa guitare électrique qui se dégage de sa tenue noir et ses cheveux partis aux quatre vents, on croirait voir en Dalil Omar l’Elvis Presley kabyle. Il est un souhait que ses compilations soient encore offertes à la nouvelle génération qui peut s’inspirer de son genre musical très peu suivi. Dalil Omar, cité lors de la journée nationale des artistes organisée à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, a ému ceux qui ont souvenance de cette frêle silhouette qui repose aujourd’hui dans son village natal des Ath Atelli.

Abdennour Abdesselam ([email protected])

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