Par Abdennour Abdesselam:
Ici même dans ces colonnes nous avons déjà traité et attiré l’attention des artistes, chanteurs et producteurs sur la nécessité absolue de respecter et d’observer les strictes règles d’orthographe et de transcription de la langue berbère sur les pochettes des albums. Qu’elle n’a pas été notre surprise déconcertante de constater que la transcription de l’ensemble des supports (CD, banderoles et affiches) parus au début de cet été et annonçant les nouveautés artistiques, est truffé de graves fautes orthographiques. Nous ne nous perdrons pas sur des questions se rapportant à chercher qui de l’artiste ou du producteur porte la responsabilité d’une telle situation désobligeante. Nous pensons seulement que cette responsabilité est tout simplement partagée par les deux intervenants car les dégâts et autres dommages psychologiques produits sur les nouveaux apprenants sont immenses d’autant plus que les enseignants de langue berbère sont à leur portée. Ce qui suit n’est qu’un exemple flagrant de cette «fraude» dans la transcription aussi involontaire puisse-t-elle être. Ainsi, sur l’album du grand Allaoua, il est écrit la forme fantaisiste: «asl’iyi» au lieu et place de «Sel-iyi-d». Partant que «sel» ayant la valeur du verbe ; «iyi» celle de complément et «d» étant une désinence de direction. Sur celui de Makhlouf, il est écrit l’abracadabrant «Alwakhdinou» au lieu et place de «A lwaxd inu» qui indique que l’élément «a» étant un vocatif ; «lwaxd» un nom et «inu» comme possessif. La liste des titres dont la transcription est foudroyante est encore plus longue à établir mais nous nous contentons de ces deux archétypes pour permettre à tout un chacun une vérification aisée. Cette indifférence et cette oisiveté à refuser d’observer le respect des règles de transcription est inacceptable, incompréhensible et intolérable. C’est même une violation de l’héritage que nous a légué Mouloud Mammeri. Si la production artistique est la propriété exclusive de son auteur qui soumet son œuvre à l’appréciation ou à la sanction populaire, la langue, elle, est et restera un bien commun à tous et que nous tous avons le strict devoir de respecter dans tous ses usages d’autant plus que nous venons à peine de sortir d’une longue période d’ostracisme politique la concernant directement et pour laquelle des vies humaines ont été perdues. Le domaine commun (ici la langue comme lmecmel) doit être défendu par chacun d’entre nous.
Abdennour Abdesselam (kocilnour@yahoo.fr)
