L’art et la culture dans les gènes

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Abderrahmane Bouguermouh fait partie de ces grands artistes algériens qui ont, à travers leur farouche combat identitaire, hissé les langue et culture amazighes au premier plan. Dès son jeune âge, il a placé la culture au sommet de ses préoccupations, sachant les bienfaits qu’elle procure à la société. Au jour d’aujourd’hui, il se révèle même être une légende pour la génération actuelle et les générations futures. Il a grandi dans une famille modeste mais emprunte d’une passion sans faille pour l’art et la culture, des valeurs sûres qu’il porte lui aussi dans les gènes. A travers le combat qu’il mène inlassablement pour le rayonnement de la culture algérienne, il a bien tracé le chemin en nous offrant un trésor à travers ses films et son roman, saurons nous le préserver ? Ces dernières années, il semble trouver une seconde passion, l’écriture. Il a même fait éclater tout son talent et son génie d’écrivain dans son premier roman Anza, paru aux éditions Casbah en janvier 2010. Il raconte le cri du sang versé par les martyrs, toutes générations confondues, sur les terres de la patrie Algérie. A travers ce roman, l’écrivain voulait apporter son témoignage et sauvegarder, par la même, un pan entier de l’histoire de notre pays. Il ne cesse de dire que le plaisir qu’il a eu a été décuplé en se rendant compte combien la littérature et le cinéma se complètent. Né en 1936 à Ouzellaguen (Béjaïa), il a fait du cinéma sa profession de foi en se servant d’une caméra, et ce pour une longue chevauchée. Il a acquis une brillante formation de cinéaste, sanctionnée par un diplôme obtenu durant les années 1960 de la prestigieuse école cinématographique de Paris, IDHEC. Il a imposé de la déférence, durant sa carrière de cinéaste qui s’étale sur plus de 50 ans, et malgré les embûches, son parcours honorable et prestigieux est jalonné de succès. Il a le mérite d’avoir ouvert la voie au cinéma amazigh, mettant sur écran le roman de Mouloud Mammeri, la Colline oubliée. La demande d’autorisation qu’il a déposée en 1969 auprès du ministère de la culture ne lui fut délivrée qu’en 1989, avec l’avènement de l’ouverture démocratique, soit 20 ans d’attente qui n’ont pas découragé l’artiste. Il donna le coup de manivelle en 1993. Aujourd’hui, il peut s’enorgueillir d’avoir tracé le premier sillon à une flopée de cinéastes qui ne cessent d’enrichir la palette du cinéma amazigh. Abderrahmane Bouguermouh est connu et reconnu comme étant un cinéaste de renom qui a à son actif plusieurs productions dont l’Enfer à dix ans, les Oiseaux de l’été Kahla Oua Beida. Malgré la fatigue et la maladie, il répond toujours présent au devoir, quand il est sollicité pour la projection d’un de ses films, des projections qui sont souvent suivies de débats enrichissants. Si cet artiste de valeur a mis de côté sa caméra, ce n’est pas pour un simple plaisir d’écrire, mais plutôt suite à des problèmes de santé. Il est inéluctablement devenu un repère pour les jeunes cinéastes.

L. Beddar

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