A sept dans un F1 !

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« Je suis l’aînée d’une fratrie de six enfants. Mes frères et sœurs sont tous scolarisés. Je suis seule à subvenir aux besoins de ma famille avec un salaire timide, car mon père est incarcéré depuis deux ans, alors que ma mère est une malade chronique (diabétique, hypertendue,… etc.) A sept, nous habitons un F1 à la cité des 368 logements depuis décembre 2004.”

Notre triste logis au plafond fissuré est ouvert aux quatre vents !

Un froid de canard en hiver et une chaleur écrasante en été ! Depuis 2004, nous avons frappé à toutes les portes, mais aucune ne s’est ouverte. Nos réclamations auprès des différents organismes publics habilités sont jusqu’à maintenant sans suites.

Notre vie est un véritable cauchemar et à mes yeux un non-sens. Il y a quelques années, nous étions des locataires en déplacement permanent d’une maison à une autre. Nous avons d’ailleurs fait tous les quartiers de Béjaia ville, et à chaque fois, nous finissons par être expulsés du moment que mon père ne pouvait pas payer le loyer. Les solutions ? On se retrouve à chaque fois chez nos grands- parents maternels qui souffrent, eux aussi, de la crise de logement. On vivait dans un réduit de deux pièces avec nos oncles et tantes, ainsi que mes grands- parents malades. En tout, nous étions 16 personnes.

On ne trouve même pas une place pour réviser nos cours. Nous ruminons l’espoir de voir le nom de mon grand- père qui a fait une demande de logement social en 1982 sur la liste des bénéficiaires en 2000 mais cela n’a pas eu lieu, et pourtant notre situation est connue de tous. Le comble c’est que la plupart des bénéficiaires à l’époque ne méritaient pas un logement social. Nous avions fait des recours, mais en vain, puisque le président de l’APW avait annulé la liste. Après une longue attente qui n’a que trop duré nous nous sommes de concert avec plusieurs autres nécessiteux de recourir au squat.

On a occupé un F3 à Tala Ouriane mais sans eau ni électricité et après deux ans dans ce logement, on s’est retrouvés dans la rue. Nous étions plus de six cents (600) personnes à se retrouver à la rue suite à l’intervention des forces de l’ordre chargées de nous expulser.

Ensuite, nous avons occupé avec plusieurs autres familles les locaux non aménagés situés au sous- sol des immeubles qu’on a squattés auparavant, on vivait dans des conditions effroyables : rats, cafards, manque d’hygiène et eaux usées, et dans cette misère, j’ai pu avoir mon Bac et j’ai choisi l’université d’Alger pour avoir une place dans une résidence universitaire pour m’éloigner de la misère.

Ma mère a chopé quelque temps plus tard, le diabète et l’hypertension, deux maladies chroniques.

Nous avons lancé des appels à toutes les autorités de Béjaia et après une année et demie, le président de l’APC a décidé de nous octroyer des F1 provisoirement en décembre 2004 et en 2006. Mais jusqu’à maintenant rien n’a changé.

Après notre demande établie le 08/08/2000 sous le numéro 2120, certains membres de notre famille sont dans un état de santé critique, surtout ma mère, nous avons besoin d’une place pour respirer, pour réviser… »

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