Les trottoirs de toutes les transactions

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Dans la ville d’Akbou, les trottoirs appartiennent de moins en moins aux piétons. Les mœurs ont ainsi évolué. Elles ont cédé à la ruée, elles ont troqué le trottoir aux derniers parvenus. En effet, ces espaces publics sont devenus, avec le temps et le laxisme, des chasses gardées du commerce informel. Du jour au lendemain, on peut devenir vendeur de téléphones cellulaires, de gadgets et autres chinoiseries sur un trottoir ayant pignon sur rue principale ou encore, gardien de parking avec massue tout le long du trottoir du centre-ville. Les nouveaux locataires du trottoir exercent aussi dans le noir le vieux métier de chiffonnier délocalisé de la place du marché hebdomadaire. Ces sans-papiers qui squattent les trottoirs des pas perdus, font de la concurrence aux magasins d’en face. Mais on n’est jamais au bout de ses surprises et chaque jour charrie son lot de faits aussi insolites qu’incongrues qui vous crèvent les yeux au détour d’un trottoir. «Les trottoirs d’Akbou sont des points de ralliement et des lieux de tous les rendez-vous d’affaires. Les marchands légaux voisinent avec les commerçants hors-la-loi et les mendiants côtoient les escrocs et les pickpockets», relate Messaoud, résident au niveau d’un quartier de la vieille ville. «Pour l’heure, malgré toutes les difficultés pour se frayer un passage, ça reste gratuit et il n’y a pas un gardien pour nous réclamer des sous», ironise Youcef, habitant au faubourg Guendouza.

N. Maouche

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