Amara le sot et le marabout

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«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).

Les parents aiment beaucoup leurs enfants, et font tout pour les sortir d’un mauvais pas, c’est ce qu’a fait la mère de Amara, le sot du village. C’est son histoire que nous allons vous raconter, d’après un conte du terroir.Amara, jeune adolescent n’est pas porté sur la religion. Comble de malheur pour lui, sa maison est située à côté de la mosquée. Tous les matins aux aurores, c’est l’horreur. Le muezzin appelle à haute voix à la prière sans se soucier des malades, des enfants de Amara. Réveillé tous les matins en sursaut, Amara insulte copieusement le marabout. Sa mère pieuse, lui demande tous les jours de se taire, et se lève pour faire la prière.Dérangé dans son sommeil, Amara se demande comment faire. Un jour, qu’il était dans les bras de Morphée en train de rêver, il est réveillé par le muezzin. Il peste contre lui, et menace à haute voix de le tuer. En l’entendant sa mère est horrifiée, pour le calmer, elle lui dit ;“-C’est la religion qui veut ainsi, tu ne peux l’empêcher, ce sera comme ça tant qu’il aura une voix de ténor et une tête sur le corps !”Amara ne veux pas polémiquer, pour lui l’appel matinal à la prière est un calvaire. Il réfléchit et prend une décision. Le lendemain, il se réveille de très bonne heure et se rend à la mosquée. Dès qu’il voit le marabout, il lui dit : “-D’après ce que dit ma mère, tu vas continuer à appeler à la prière, tant que tu auras ta tête sur ton corps, et ta voix de ténor !- Ta mère a dit vrai, je ne peux le nier ! Je ne cesserai d’appeler à la prière, tant que ma tête sera posée sur mon corps !”Amara qui voyait que son calvaire allait durer sort de dessous son burnous un coutelas (thifrouth), lui tranche la gorge et le décapite, puis jette sa tête dans un puits. De retour chez lui, il trouve sa mère réveillée, elle est étonnée de ne pas entendre l’appel à la prière, dit à son fils : “-Le muezzin est en retard il ne s’est pas réveillé comme à l’accoutumée, quelque chose lui est arrive !-C’est vrai ce que tu dis mère, il n’appellerai plus jamais à la prière, pour la simple raison que je l’ai tué et j’a jeté sa tête dans un puits !”Sa mère est horrifiée, comprenant la gravité des faits, la mère est abasourdie, pour parer au plus pressé et lui sauver la vie, elle lui dit de lui indiquer dans quel puits, il a jeté la tête ensanglantée.Pour donner le change à toute la communauté, elle égorge un mouton et prend sa tête qu’elle jette dans le puits, puis récupére celle du marabout qu’elle va enterrer sans être vue, et retourne à la maison. Fier de son exploit, mais inconscient du danger qu’il court, Amara se met à chanter sur tous les toits, qu’il a tué le marabout et a jeté sa tête dans un puits. La population s’agglutine autour de lui, ayant trouvé le corps décapité, les gens cherchent qui l’a tué. En avouant le crime commis, Amara risque de se faire lapider. Il ne reste plus qu’à trouver la tête du marabout, comme il le dit dans un puits et ce sera fini pour lui. La preuve de sa culpabilité ainsi démontrée, Amara sera exécuté. Le poursuivant devant eux et vociférant comme des illuminés les gens l’ennième près du puits, sa mère accourt pour le sauver. Devant tout le monde, elle dit : “-Mon fils est un simple d’esprit, il ne raconte que des inepties,ce qu’il vous a dit n’est pas vrai !La foule exaltée, lui rétorque, nous on le croit et on ne peut le disculper, qu’en fouillant le fond du puits. Un volontaire se dégage du lot et descend dans le puits quand il remonte tout le monde rit. Au lieu de la tête du marabout, c’est celle d’un mouton qui est trouvée. L’énigme de la mort du marabout n’ayant pas été élucidée, Amara est sauvé.“Our kefount eth’houdjay i nou pour kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).”

Lounès Benrejdal

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