Frikat : Les habitants d'Imazgharène ferment le siège de la daïra

Partager

C’est la canicule. Des quatre coins de la wilaya s’élèvent des voix pour dire aux autorités qu’elles ont toujours soif. Ce qui s’est passé il y a deux jours du côté de Maâtkas, s’est reproduit hier au sud de la wilaya

Dès la matinée, des dizaines de voitures ont pris la direction de Draâ El-Mizan à partir de Frikat. Depuis le début de semaine, les habitants d’Imazgharène mènent action sur action pour faire entendre leur voix.

Après avoir occupé les sièges de l’ADE et de l’Hydraulique de manière symbolique, ils ont fermé le siège de la daïra. La mobilisation a été si forte que la route vers la daïra est presque coupée à la circulation routière. En face de cette institution, est dressée une tente. C’est un signe qui démontre que les habitants de cette importante grappe de villages (plus de dix mille habitants) sont décidés à maintenir la pression jusqu’au règlement définitif de leurs problèmes restés en suspens depuis des années. Mais apparemment, en cette période de canicule, la revendication la plus importante est l’eau potable. “Nous avons toujours soif !», ont-ils écrit en grosses lettres sur une banderole à laquelle sont accrochées des bouteilles vides.

Dans notre virée sur les lieux, nous avons approché aussi bien les citoyens que les responsables du comité. “Depuis deux mois, nous n’avons aucune goutte d’eau. Et on entend ici et là que l’eau coule à flots dans certains villages de la daïra. Ne sommes-nous pas des Algériens comme les autres ?», s’est interrogé ce sexagénaire prêt à passer des journées devant le siège de la daïra. Et à un autre d’ajouter : “Nous avons trop attendu sinon une semaine après notre dernière contestation qui n’a rien changé à notre quotidien, nous aurions passé à la vitesse supérieure, mais on nous a bernés avec de la poudre aux yeux. Du noir sur banc, c’est tout.”

Dans l’enceinte de la daira, nous avons contacté l’un des membres du comité. “Je vous dis sincèrement que c’est toujours du bluff. Sept mois après notre dernier mouvement, c’est toujours le même problème. Toutes les directions ont pris des engagements, mais aucune n’a tenu ses promesses», nous a expliqué ce membre.

Il nous cite alors les directions qui ont signé chacune de son côté l’accord : la direction des mines et de l’énergie (les foyers non encore électrifiés), la direction de l’éducation (lancement d’une cantine scolaire), l’hydraulique (réalisation de réservoirs d’eau), et l’APC (réalisation de daleau, bitumage et ouverture de pistes, éclairage public) et la liste est longue… Pour l’eau potable, notre interlocuteur nous a dit qu’Imazgharène n’auront pas d’eau même avec toutes ces opérations qui sont en train de se faire. “Notre village est situé au bout de la chaîne de distribution. Je ne crois pas que l’eau va nous arriver», a-t-il enchaîné. Il nous évoque même le programme préétabli, qui a été suivi, que deux ou trois semaines, n’est pas respecté.

Actuellement, nous a-t-il informés, une entreprise réalise les terrassements d’un réservoir d’eau. “Au rythme des travaux, il faut attendre peut-être 2050 pour la réalisation de ce réservoir», a-t-il ajouté d’un ton ironique.

Les protestataires attendent que ces directions viennent apporter des explications sur les engagements qu’elles avaient pris. “Nous resterons là le temps qu’il faudra. Il faut en finir définitivement avec tous nos problèmes car nous sommes les damnés de cette terre. A quoi bon partir ? Nous n’avons même pas une goutte d’eau pour se rafraîchir», a conclu un dernier intervenant.

Amar Ouramdane

Partager