»L’engouement pour le livre religieux est dû à son bas prix »

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l A la veille des deux journées défalquées du programme du SILA, aujourd’hui et demain, en raison du référendum du 29 septembre, le comité d’organisation du 10e Salon international du livre à Alger a animé hier un point de presse au salon VIP de la SAFEX pour présenter les premiers constats et observations des sept journées qu’a duré le salon en attendant la clôture vendredi. Tout cela en attendant le bilan global du SILA et les résultats du sondage scientifique lancé autour de cette manifestation pour une meilleure évaluation qui permettra de redémarrer sur de solides bases. Jugeant la 10e édition du SILA satisfaisante et meilleure que celles précédentes, notamment en termes d’affluence avec 20.000 entrées par jour et plus de 35.000 les jeudi soir et vendredi, d’organisation et de participation, le comité d’organisation relèvera toutefois certaines lacunes à pallier dans les prochaines éditions. Tous les intervenants, à leur tête Azzedine Mihoubi, SG de l’Union des écrivains algériens (UEA), étaient unanimes à affirmer que le Salon international du livre d’Alger, qui ne dispose d’aucune structure permanente qui le gère au quotidien, et qui n’est financé que par ses propres recettes et les fonds des sponsors et partenaires, ne peut plus continuer à fonctionner de la sorte. « Si on veut faire de ce salon un véritable lieu d’échange de droits d’édition et de traduction pour développer une réelle coopération entre les éditeurs algériens et leurs homologues étrangers afin de relancer l’activité éditoriale dans notre pays, on doit mettre les moyens, revoir le règlement intérieur et prendre de nouvelles dispositions et mesures. »Rachid Gasmi, P-DG de la SAFEX, qui n’a pas manqué de signaler que le SILA, qui prend de plus en plus de l’ampleur en gravissant sensiblement les échelons du classement des Foires et salons pour se placer juste après la foire internationale d’Alger (FIA) et le Salon de l’automobile qu’il pourrait même devancer dans quelques années, attirera néanmoins l’attention sur la fragilité de ce salon. Pour étayer ses propos, M.Gasmi citera les réductions opérées sur les prix des stands et toute la gymnastique que les membres du comité d’organisation ont été contraints de faire pour réunir autant de maisons d’édition. « Tant qu’on a ce genre de problèmes, le SILA n’est pas encore un rendez-vous incontournable et beaucoup reste à parfaire », conclura-t-il.On ne pouvait parler du la 10e édition du SILA sans évoquer le livre religieux qui s’y est taillé la part du lion au point de faire du palais des expositions un véritable rassemblement des hommes en kamis et de femmes en djelbab, venus se pourvoir en livres à bon marché. Ce qui a créé une aubaine aussi bien pour les revendeurs de livres religieux et les petits libraires du coin que pour les représentants des maisons d’édition arabes, nombreuses dans cette manifestation. Appelé à apporter son avis sur ce phénomène, Mohamed Tahar Guerfi, président du Syndicat national des éditeurs et libraires (SNEL), soulignera qu’arrivés à la 10e édition de ce salon, les exposants et les lecteurs algériens ont appris à se connaître. Les maisons d’édition arabes savent ce qui marche et réalisent des chiffres d’affaires colossaux dans ce domaine. Il avancera également le motif de la nature du gros de la production arabe et du prix. « Les maisons d’édition arabes investissent essentiellement dans le livre religieux et produisent des quantités énormes qu’ils écoulent aisément dans le monde arabe, d’où les prix symboliques qu’ils affichent sur leurs ouvrages ». Interrogé sur le contenu de ces livres dits religieux, ce qui nous fait le plus peur, nous Algériens, après la mauvaise expérience à laquelle on a eu droit dans les années 1990, M.Guerfi rassurera que le ministère des Affaires religieuses est constamment présent sur les lieux pour vérifier tout ouvrage suspect. M.Mihoubi reviendra sur la fragilité du salon en déclarant que « si on était assez solide, on imposera notre loi, et on aura notre mot à dire sur la qualité des ouvrages exposés. On exigera des livres de valeur, récents et de qualité. On travaille dans ce sens pour les prochaines éditions », terminera-t-il.

H. Hayet

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