Comme nous l’avions rapporté dans notre édition de samedi, les habitants du village Imazgharène de la commune de Frikat, qui avaient suspendu leurs actions jeudi, sont revenus hier à la charge et ferment le siège de la daïra.
Pour cette autre démonstration de force, la mobilisation était beaucoup plus importante. Avant d’arriver à Draâ El Mizan pour procéder à la fermeture du siège de la daïra, ils ont d’abord fermé la mairie de Frikat. Des dizaines de véhicules avaient pris ensuite la direction de la ville de Draâ El Mizan. Cette fois-ci, ils ont déployé une autre banderole sur laquelle il était écrit : « Ulac marche arrière Ulac ». Et une autre banderole sur laquelle est exprimée la principale revendication d’Imazgharène, « Nous avons soiffff ! ». Pour exprimer cette mal vie au quotidien, ces centaines de personnes ont occupé tous les alentours de la daïra. Une façon aussi de dire qu’ils sont à l’abandon. Aucun accès vers cette administration : des barricades jonchaient la chaussée. Sur les visages, on pouvait déceler le sentiment d’être laissé à l’abandon. « Nous ne comprenons rien. Des milliers de citoyens ont soif et personne ne se soucie de leur sort. On est convaincu qu’on veut nous pousser à l’épuisement, mais cela ne serait pas possible car nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout. Lisez bien ce qu’il y a sur cette banderole », nous lancera un quinquagénaire. Et à un autre de poursuivre : « Nous ne voulons pas que cela arrive au pourrissement. Il faut juste que ces directeurs de l’exécutif se déplacent jusqu’ici. Ils ne sont pas à des milliers de kilomètres ». Aux coups de midi, une délégation a été reçue par le chef de daïra, mais, selon l’un de ses membres, il n’y a eu aucune avancée, c’est le statu quo. « C’est la même offre qui est maintenue. Il nous a proposé de former une délégation pour aller à la rencontre des directeurs de l’exécutif de wilaya. Nous refusons cela car ce sont eux qui devraient venir », nous confiera le même membre. Un cordon de sécurité et des vigiles étaient désignés par le comité pour qu’il n’y ait aucun débordement. « Ce n’est pas facile de gérer un tel mouvement. Nous avons peur des intrus. Même si nous sommes abandonnés, nous ne voulons pas que notre action change de sens. Nous sommes des pacifistes », nous dira un jeune étudiant chargé de l’organisation. Si besoin est de le rappeler, ce comité a un procès verbal où sont consignées toutes les décisions prises pour régler les problèmes soulevés, à savoir l’alimentation en eau potable, le bitumage des pistes, le renforcement de l’éclairage public, la construction d’abribus, la réalisation d’une cantine scolaire…, mais pour nos interlocuteurs, aucune de ces promesses n’est tenue. Les habitants d’Imazgharène ne comptent nullement repartir sans des résultats concrets.
Amar Ouramdane