Origine des mauvais génies

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«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).

En créant l’être humain, Dieu crée aussi des êtres immatériels et invisibles qu’on nomme génies, qui peuvent être bons ou mauvais. Voici, d’après un conte du terroir, comment cela s’est produit pour la première fois pour un génie malfaisant.

Autrefois, à l’époque remontant à la nuit des temps, par une nuit d’hiver, une lapine (thaouthoult) se repose au coin du feu. S’étant assoupie un peu, les poils de dessus et une de ses oreilles prennent feu et donnent aussitôt naissance à un génie malfaisant, qui a la propriété de transformer en pierre tout être fait de chair.

Devenu adulte dès sa naissance, il se marie à plusieurs épouses, mais cela ne l’empêche pas de convoiter toutes les belles filles rencontrées. C’est ainsi qu’un jour, en planant dans les airs, il voit au-dessous de lui (imensane d’ thislithe) un cortège ramenant une jeune fille vers son futur mari. Pris de jalousie, il se dit que cette jeune fille est pour lui.

Subjugué par sa beauté, il l’enlève et souffle sur le cortège qu’il transforme en pierre. Après avoir ramené la jeune fille dans sa demeure, il lui demande de l’épouser. Elle refuse de se soumettre au diktat du génie. Pour la punir, il lui donne cent coups de fouet le matin et cent coups l’après-midi, durant quatre-vingt-dix-neuf jours sans jamais s’arrêter ni se lasser.

Après avoir enlevé cette première jeune fille, beaucoup d’autres ont été ravies à leurs familles et soumises au même régime. Si elles consentent, il les épouse, si elles refusent, il les transforment en pierre.Ses exactions lui attirent l’animosité de toute la population. Craignant que ses ennemis ne trouvent le moyen de le tuer, il met son âme à l’abri, car il a cette faculté.

Son âme à lui est un cheveu qu’il met dans un œuf qu’il place à l’intérieur d’une perdrix, qu’il met, elle-même, dans la bosse d’un dromadaire. C’est d’ailleurs, dit la légende, depuis ce moment que les dromadaires ont des bosses sur le dos.

Le mauvais génie était père d’une jeune fille, dont l’âme était cachée dans une carrière de pierres. Elle était bien à l’abri, jusqu’au jour où des hommes se mettent à exploiter la pierre pour bâtir. Ils atteignent l’âme enfouie, la fille du génie ressent des douleurs et si son père ne fait rien, elle va mourir.

Pour ne pas succomber, elle demande à son géniteur de prendre son âme enfouie sous les rochers et de la mettre à l’abri. Le père, pour sauver sa fille, se saisit d’un bâton et va le planter en mer, dans un endroit qui s’assèche aussitôt, mettant à nu un gros rocher, dans lequel il met le dromadaire contenant la perdrix, l’œuf, le fil de cheveu et l’âme de sa fille.

Le mauvais génie sauve son âme et celle de sa fille ; c’est depuis ce jour que les mauvais génies habitent les esprits des humains et leur font commettre des crimes, des tueries et tout ce qui est mauvais.

« Our kefount eth’houdjay i nou pour kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Lounès Benrejdal

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