L’Aïd à quel prix ?

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Le mois de carême consommera son dernier week-end demain. En effet, Ramadhan 2011 tirera sa révérence durant la semaine prochaine, l’Aïd est annoncé pour mardi ou mercredi. Cela dit, les ménages ne vont certainement pas attendre jusqu’à l’arrivée du jour j pour faire leurs emplettes en prévision de cette autre occasion religieuse à célébrer absolument. L’Aïd a aussi ses propres achats et, forcément, ses propres dépenses. Les habits pour les enfants, les jouets, les ingrédients pour faire des gâteaux… le moins que l’on puisse dire c’est que ces emplettes peuvent coûter une fortune aux familles, d’autant que le pouvoir d’achat reçoit, encore et toujours, des coups chaque jour d’avantage. En outre, le mois sacré n’a pas laissé sur quoi se tenir debout pour de nombreuses familles aux rentes limitées. Quoi qu’il en soit, la ville des genets, à l’instar des autres villes de la wilaya de Tizi Ouzou et d’Algérie, a plongé dans l’ambiance de l’Aïd. La capitale du Djurdjura s’est offert un nouveau décor, pas aussi flatteur, pour ainsi dire, que les années passées du fait que cette fois il n’y a plus de vendeurs de jouets à tous bouts de rue à cause de la dernière décision des services de sécurité de « libérer » la ville, mais toujours est-il que Tizi a pris des couleurs particulières. La ville n’a rien à voir, en effet, avec les scènes de ces derniers jours, marquées notamment par une nonchalance frappante. Tizi a repris, un brin de son dynamisme et ce malgré la canicule qui ne la lâche pas. Hier il a fait 40&deg,; n’empêche que des parents, accompagnés de leur enfants, ont investit les magasins spécialisés pour faire leurs achats. Bien sûr, les commerces qui connaissent l’affluence nombreuse en pareilles circonstances, sont les vendeurs de vêtements pour enfants.

Les achats des riches et des pauvres…

Pourtant, ces derniers n’offrent pas de choses exceptionnelles. « Les prix des différents vêtements sont excessivement élevés », dira un père de famille. Comme ce dernier, plusieurs cas « sociaux », et autres, ne savent plus à quel saint se vouer pour passer un Aïd digne. Prendre en charge les désirs de leurs enfants est le souci majeur de ces pères de familles. « C’est normal, on travaille pour eux, pour subvenir à leurs besoins », ironisa un parent. Celui-ci dit avoir laissé prés d’un tiers de son salaire dans un magasin après avoir acheté « quelques petites choses » à ses deux enfants de 6 et 8 ans. « J’ai acheté un jean et un tee-shirt pour le garçon ; une robe, une liquette, un panta-court pour la fille pour une somme de 6000 DA », avant de se rappeler « Je ne leur ai pas encore acheté les chaussures ! », soupira notre interlocuteur, fonctionnaire dans une administration. Autrement dit, ce dernier ne doit pas être mal payé. On pense à un agent quelconque ayant à sa charge une famille nombreuse. Il est certain que ce dernier ne s’en sortira pas. S’il le fait il doit opter pour le système D, à savoir l’endettement. Une option inévitable, en somme, pour de nombreux pères.

«Disons que cette année, on a de la chance puisque l’Aïd coïncide avec la fin du mois », fait remarquer un quadragénaire en train de faire ses achats. Au niveau des postes, ce n’est pas encore les bousculades. C’est le cas de le dire pour la journée d’hier. Il faudra peut-être signaler que les agences postales travaillent même la nuit, c’est pour ça, peut-être, qu’elles se vident la journée, même à quelques jours de l’Aid. En parlant de nuit, il faut dire que les soirées ramadhanesques s’animent de plus belle au niveau de la ville des genets, mais aussi ailleurs. « Le nombre de gens qui viennent en ville, depuis quelques jours, a sensiblement augmenté », dit un commerçant activant au centre ville. Il est clair, que des familles optent pour cette période de la journée pour faire leur marché et pour l’achat de vêtements et autres « nécessités » de l’Aïd. En somme, tout baigne depuis une semaine dans la pure atmosphère de l’Aïd. Cette ambiance particulière ira crescendo avant d’atteindre sa vitesse de croisière le jour j. Le marché est achalandé progressivement. Pour les jouets, il y’a déjà différentes qualités, mais, toujours est-il, que ces pistolets mitrailleurs, ces chevaux, ces poupées, ces voitures « deniers cris », consoles de jeux et autres objets ne sont pas tous à la porté de tout le monde. La différence entre le riche et le pauvre, au sein de la société Kabyle, se vérifie lors de pareilles occasions justement. Le marché propose pour tous les goûts, mais surtout pour toutes les bourses. La qualité seule, fait la différence. Cette qualité s’il elle importe peu lorsqu’il s’agit de jouets et même des vêtements, elle est toutefois primordiale s’agissant de la bouffe. La qualité des fruits et légumes, qu’on consomme à tel ou tel prix, est importante pour éviter le risque de mettre en péril la vie de toute une famille. C’est ainsi que les pères tentent, tant bien que mal, de faire l’équilibre entre le « qualitatif » et le « quantitatif » en la matière. Mais souvent, l’équation s’avère difficile pour un simple salarié qui se débrouille comme il peut. A vrai dire, a-t-il le choix ? Absolument pas, il doit s’aligner comme le veut la tradition et faire en sorte que sa famille passe un Aïd dans la dignité même cela intervient après le Ramadhan, le mois de toutes les dépenses. En fait, en Kabylie, on a appris à faire avec et à vivre avec cette misère. En fait, cette année, la saignée s’annonce autrement plus importante. Après l’Aïd, il y a le rentrée scolaire qui pointe déjà du nez. Les familles sont appelées à se serrer d’avantage la ceinture durant ces quelques derniers jours.

M.O.B

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