Les pères de famille, surtout ceux dont les ressources sont limitées, tiennent bien sûr un autre langage. Pour le mois de Ramadhan qui est un mois de la » rahma » de piété et de générosité où les commerçants doivent chercher à gagner des » hassanate » des bonnes actions pour mériter le Paradis et non pas des dinars ; ils ont oublié l’autre vie, la vie éternelle.
Après avoir carrément flambé les premiers jours du mois de Ramadhan et marqué une stabilité relative durant la deuxième et la troisième semaine du mois sacré voilà à nouveau, à trois jours de l’Aid, que les prix des fruits et légumes entament une nouvelle ascension toute aussi vertigineuse.
Jugez-en par ces prix relevés hier- matin aux marchés couverts de la Cofel et des Babors : tomate entre 100 et 120 DA, poivrons 90 DA, poivrons cultivés hors serres, dit » mouz-h’lou » 120 DA, courgette entre 70 et 80 DA, haricots verts entre 120 et 130 DA, oignons 40 DA, carottes 70 et 80 DA, salade entre 60 et 100 DA, pomme de terre entre 45 et 60 DA, melon entre 70 et 90 DA, pastèque entre 30 et 40 DA, raisins entre 120 et 180 DA. A titre indicatif, et concernant la tomate par exemple son prix qui oscille habituellement entre 30 et 40 DA est passé subitement au début du mois de Ramadhan à 60 et 80 DA pour se maintenir à ce niveau jusqu’à l’approche de l’Aid où elle effectue un nouveau saut qui la place à hauteur de 120 DA. Et la plupart des autres produits suivent machinalement la même courbe ascensionnelle. A noter cependant que le prix des viandes s’est pratiquement maintenu à hauteur de 800 DA pour le veau et 95 DA pour le mouton et que le prix de la sardine a subi une chute mémorable durant ce Ramadhan puisque sont oscille entre 60 et 80 DA. Pour Farid qui tient un étal dans un marché couvert à Bejaia, ces prix sont tout à fait normaux et c’est ce qui arrive chaque année, au début et à la fin du Ramadhan. Pour lui les pères de famille s’attendent à cette situation et s’y sont sans doute préparés en conséquence. Un autre commerçant interrogé dans le même marché soutient pour sa part que c’est l’insuffisance de l’offre et la forte demande qui ont fait monter les prix. Pour la tomate par exemple, précise-t-il, il y a une maladie qui a esquinté les cultures, il ne reste donc que la tomate locale, c’est-à-dire celle de la wilaya de Bejaia qui de très bonne qualité mais qui est insuffisante. Pour les poivrons c’est Sétif qui fournit tout le monde et elle n’arrive pas à satisfaire toute la demande, Pour les raisins entre autres, c’est Dellys qui approvisionne tous les marchés, le melon, c’est Borj-Ménaiel et comme les prix sont libres, continue notre interlocuteur, et que la demande est forte en ce moment, les commerçants, à tous les niveaux de la chaîne de distribution en profitent. Personne n’y peut rien, c’est la loi du commerce. Les pères de famille, surtout ceux dont les ressources sont limitées, tiennent bien sûr un autre langage. Pour le mois de Ramadhan qui est un mois de la » rahma » de piété et de générosité où les commerçants doivent chercher à gagner des » hassanate » des bonnes actions pour mériter le Paradis et non pas des dinars ; ils ont oublié l’autre vie, la vie éternelle. Bachir, 40 ans, trois enfants, employé dans une boite privée perçoit 21000 DA par mois peine à remplir son couffin, il affirme qu’il s’est déjà endetté de 15000 DA pour ce mois de Ramadhan et se contente de l’essentiel, qu’il a mis un trait pour tous les desserts qu’il remplace, assure-t-il, chaque soir, par une seule bouteille de limonade. Pour ce qui des viandes, comme sa femme n’aime pas celles qui dont congelées, il en diminue la quantité et se rabat souvent sur le poulet vivant du marché qui lui semble moins cher.
B. Mouhoub