Jouets cherchent acheteurs …

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Dans un contexte marqué par un manque criard en matière de contrôle de la part des services étatiques et l’absence d’organisation, associations de consommateurs entre autres, qui pouvaient en limiter l’usage, le marché des jouets ressemble beaucoup plus à un bazar où tous les « coups » sont permis.

Une panoplie de jouets qui ne répondent guère aux normes de sécurité innonde le marché et sont commercialisés au vu et su de tous.

A Tizi Ouzou,l’ambiance est plutôt morose et les vendeurs n’affichent pas un optimisme quant à un chiffre d’affaire important cette année. La raison ? Une implacable lutte contre l’informel qui a empêché les vendeurs à la sauvette de squatter de nouveau les trottoirs de la ville avec leurs étalages. Ainsi, contrairement aux années précédentes, la fièvre qui s’emparait habituellement des rues de la ville des Genêts, à l’approche de la fête de l’Aïd, n’est plus qu’un vieux souvenir et l’ambiance semble « se calmer » à la lumière d’un nouveau contexte que traverse la région . Un signe de cette mutation qui s’impose aux coins de la ville comme une dynamique d’ensemble, le marché des jouets qui s’animait traditionnellement durant la dernière semaine du mois de carême, est pratiquement « anéanti ».

Les trottoirs ne sont plus bondés de jeunes vendeurs à la sauvette qui proposaient toutes sortes de gadgets au grand bonheur des bambins. Cette année, la campagne de lutte contre le commerce informel entamée il y a quelques mois, par les autorités de wilaya, a semble- t-il, dissuadé plus d’un parmi les vendeurs de tenter l’aventure et braver l’interdit imposé par les forces de l’ordre.

Il faut dire que ces derniers jours, plusieurs tentatives se sont heurtées à l’opposition ferme des forces de sécurité notamment au centre-ville provoquant parfois des petites escarmouches notamment du côté de la grande rue et du marché couvert.

Interdit mais commercialisés, des gadgets dangereux sur les étals !!

Frappé du sceau de l’interdit par une loi qui prohibe l’importation, la détention, l’exposition ou la distribution de jouets sous forme d’armes à feu, cela n’a, pourtant, pas empêché le marché de regorger de ces jouets dont la dangerosité sur l’enfant n’est plus à prouver. Mais d’où viennent-ils justement et comment les vendeurs se procurent –ils ces produits, interdits par la loi mais commercialisés à grande échelle? Pour Lyes, un jeune qui tient un petit local au centre- ville, l’approvisionnement se fait, souvent, au marché de Bab Ezzouar ou d’El Hamiz à Alger « les prix au niveau de ces deux marchés défient toute concurrence. » souligne- t-il.

Pour notre interlocuteur, ce sont des importateurs qui innondent le marché chaque saison avec des jouets généralement importés de Chine à un coût très réduit mais qui engendrent des gains importants « au lieu de s’attaquer à ces jeunes qui essayent de gagner un peu d’argent pour survivre, les autorités doivent s’occuper de ces gens qui innondent le marché national par des centaines de containers. » nous dit Djamel un vendeur, la trentaine d’années.

Ce dernier ajoutera dans le même sillage « vous dites que les jouets sont interdits à la vente et moi, je vous pose la question comment ces produits sont- ils arrivés jusqu’ici. Il y a bien des importateurs, des grossistes qui contrôlent le marché et qui engrangent une fortune à chaque occasion. Au lieu de nous pourchasser, les autorités feraient mieux voir du côté du port d’où sont acheminées toutes ces marchandises ».

Ces jouets, dont la majorité est frappée de la marque « made in China », se vendent sans problèmes dans nos rues. à Tizi Ouzou, comme ailleurs, la tendance est au jouet imitant les armes à feux « à chaque fois qu’il est question d’offrir aux enfants ces jouets, je me lance dans un grand discours pour dissuader mon fils d’opter pour des armes à feux » nous dit une dame qui tenait un ballon dont elle marchandait le prix avec un jeune camelot.

Cela confirme cette tendance à l’agressivité et à la violence qui s’empare des bambins, conséquence, comme nous l’explique un père de famille, de l’influence de la télévision, et des medias en général « Aujourd’hui, les enfants s’identifient généralement à leurs héros qu’ils regardent dans des dessins animés. Ces derniers sont souvent emprunt de beaucoup de violence, ce qui influe négativement sur eux. ». Il faut dire que ce genre de jouets s’arrache sur le marché même si les prix affichés sont loin de réjouir les petites bourses. Imitant les vraies armes à feux, ces gadgets « made in China » sont cédés à des prix exorbitants « des pistolets sont affichés au prix de 800 DA, un autre kit digne d’un arsenal de guerre est cédé à 2000 DA. Ce qui est paradoxale c’est que les gens achètent quand même ! » rouspette, indigné un citoyen surpris par les prix pratiqués par un jeune vendeur au centre-ville des Genêts.

Ces « fausses–vraies » armes ne manquent pas de transformer la fête de l’Aïd en drame puisqu’à chaque pareille occasion, des accidents dus à la manipulation de ces gadgets sont enregistrés, d’autant plus que la majorité des jouets sont loin de répondre aux normes de sécurité relatives à la fabrication et à l’importation de ses produits. Des spécialistes sont même montés au créneau pour tirer la sonnette d’alarme quant aux conséquences néfastes, qu’induisent la manipulation de ces jouets sur la santé de l’enfant.

A. Z

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