Les avis n’ont pas divergé concernant « l’apport » de la crise libyenne à la situation sécuritaire au Sahel.
L’arrivée massive des armes de tout genre a accentué la présence des éléments de l’AQMI dans la région qui l’ont transformée en véritable poudrière.
Selon la majorité des intervenant, hier, à la conférence internationale sur le terrorisme au Sahel, à Alger et qui regroupe pas moins d’une trentaine de délégations, entre celles des pays du champs et autres partenaires extrarégionaux. L’arrivée massive de ces armes, le retour des populations, celles qui fuient les combats et autres trafiquants, ont fait que la région du Sahel devient, on ne peut plus craintive, « une poudrière et un danger sur les pays du champs ». C’est du moins ce qu’ont constaté les invités de la conférence d’Alger sur le terrorisme au Sahel. Pour le ministre des Affaires étrangères du Mali, M. Maïga Soumeylou Boubeye, « la situation exige de nous tous une action concertée et commune afin de venir à bout de ce phénomène ». Pour lui, il ne peut y avoir de sécurité sans le développement de la région. La dialectique, sécurité-développement, qui se pose à nous dans la région doit être prise en considération d’une manière consciente et prompte, a-t-il indiqué en substance. Le ministre malien a révélé que « plusieurs milliers de citoyens maliens, travaillant auparavant en Libye sont rentrés dans leur pays ». Cette vague d’ émigrés comprend même « des éléments qui ont participé dans les combats », a-t-il affirmé. Le ministre malien craint les armes détenues par ces éléments de retour au Mali. Le ministre a relevé d’ autres défis auxquels les pays du champ et leurs partenaires sont appelés à relever. Il s’agit selon lui d’un défi interne, qui se résume à la situation interne de certains pays. « La vulnérabilité de certaines région post-conflit amoindrit leur capacité à faire face à ce phénomène”. Et de souligner que ces mêmes régions sont connues pour leur revendication identitaire, « parfois violente et radicale”. En deuxième lieu, le ministre relève le défi du développement afin de venir à bout de la pauvreté dans la région. Le 3e défi consiste selon le ministre en la criminalité transfrontalière avec laquelle le terrorisme islamiste s’interconnecte. Le ministre a révélé que » 50 tonnes de cocaïne transitent par la région. Ce qui représente 1/3 de la consommation européenne.” En dernier lieu, le ministre a indiqué que le défi se résume à la réponse à apporter à la sécurité et à la gouvernance. « La région est un espace commun », pour lequel « des actions mutualisées et des actions de coopération doivent être engagées pour transformer le Sahel en zone de sécurité ». Le ministre a réitéré l’appel des quatre pays concernant la criminalisation des rançons versées aux groupes terroristes écumant la région. M. Hamadi Ould Hamadi, ministre mauritanien des Affaires étrangères a souligné que « le Sahel est menacé par le terrorisme, la pauvreté et l’immigration clandestine et les trafics en tout genre ». Il est important, a relevé le ministre, de préserver les jeunes de la région qui peuvent constituer une réserve pour les recrutements futurs pour ces groupes terroristes.
Le terrorisme au Sahel porte atteinte aux intérêts de nos partenaires
De son côté le ministre des Affaires étrangères du Niger, M. Mohamed Bazoum, a insisté sur l’arrivée massive des armes comme conséquence à la crise libyenne. Pour lui, « la région est déjà otage du terrorisme et de la contrebande ». Ces 8 million de kilomètres carrés répartis sur les autre pays du champ sont le théâtre de tous les trafics, a cela s’ajoute la pauvreté. M. Bazoum a indiqué que les services de sécurité du Niger ont récupéré « quelque 500 kg de Semtex ». Cette matière est utilisée pour la fabrication de bombes très puissantes. Il a ajouté que » des centaines de voitures 4/4 ont été récupérées de la Libye pour être utilisées dans la région ». Pour le ministre, le terrorisme islamique a élargi son champ de manœuvre avec les attentats du Maroc et au Niger. Le ministre nigérien des Affaires étrangères a appelé les présents à « une meilleure coordination des actions, avec un vigoureux plan de réaménagement de l’espace, le sens de l’encadrement et des projets structurant du développement ». Le ministre a cependant attiré l’attention des présents sur la force de nuisance de ces groupes terroristes, car, a-t-il indiqué « ces groupes portent atteinte aux intérêts de nos partenaires dans la région ». A titre d’exemple, il a cité les intérêts de la France, premier exploitant de l’uranium nigérien. De son côté la représentante de la délégation américaine Mme. Shira Villarosa, membre du bureau de coordination anti-terrorisme du département d’Etat américain a estimé que l’organisation terroriste islamiste dans la région, AQMI, ne compte pas plus de mille membres. Contre cela, Mme. Villarosa a indiqué que la lutte contre ces groupes doit être menée par les gouvernements des pays concernés par ces territoires. « Les pays de l’Afrique du nord, notamment l’Algérie ont une expérience et une expertise nécessaire pour combattre le terrorisme » et dont les USA s’engagent « à apporter son aide et son appui permanent à ceux qui luttent contre le terrorisme ». En dernier lieu, Mme. Villarosa a indiqué qu’un forum mondial sur le terrorisme se tiendra incessamment à New York, à l’occasion des 11 septembre et dont l’Algérie présidera un des ateliers les plus importants du forum, portant sur le terrorisme au Sahel .
De son côté le général Ham de l’Africom a souligné que son organisation « apportera son aide à la lutte contre le terrorisme quand et où elle peut ». Et de souligner que Africom apporte son soutien sans être « le chef de file ». M. André conseiller du président français, a estimé quant à lui, que l’Algérie mène un combat depuis plusieurs années contre le terrorisme, ce qui lui confère « une légitimité incontestable dans cette lutte ». Et de préciser que « le rôle primordial dans cette lutte revient aux pays de la région », en ajoutant « qu’il ne faut pas laisser ces pays seuls face à ce phénomène » M. Robins, conseiller du Premier ministre du Royaume uni a estimé que « même si les développements en Libye et la situation au Moyen-orient dominent l’actualité il n’en demeure pas moins que le terrorisme au Sahel requiert une concentration de la communauté internationale ». Pour lui, le combat nécessite une coopération, et dont ils « apporteront leur contribution ».
Le représentant anglais a révélé que le CNT « s’est engagé à établir la paix dans la région ». Et d’ajouter, qu’un atelier sur le terrorisme au Sahel, en collaboration avec l’Algérie sera organisé à Nouakchott. Même topo chez le représentant de l’Union européenne qui a salué les efforts consentis par les quatre pays dans leur lutte commune contre ce phénomène. A souligner aussi que les travaux d’hier après- midi se sont déroulés à huis clos. Une conférence de presse est prévue aujourd’hui, en guise de clôture des travaux. Plusieurs autres partenaires, notamment la Banque africaine de développement, BAD, et autres bailleurs de fonds ont participé à la conférence.
M. Mouloudj