La réapparition spectaculaire des singes inquiète les agriculteurs

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Ath Illiten, Imesdhourar, Ivelvaren et, à un degré moindre, Selloum et Thakerbousth, cinq villages situés en haute montagne et limitrophes avec le Parc National du Djurdjura (PND), ont enregistré pour la 3e année consécutive une invasion de colonnes de singes magots au niveau des vergers et autres plantations arboricoles sur lesquels ces primates commettent des dégâts considérables sur les récoltes, notamment de figue et de raisin.

Des récoltes qu’ils dévastent et qu’ils disputent âprement aux propriétaires avec une incroyable audace. Ces animais rivalisent en ruse avec les malheureux petits paysans pour leur voler leurs récoltes, qui constituent pour la plupart de ces montagnards leurs unique richesse et auxquels les singes imposent de véritables parties de cache-cache. De plus, ils se font provoquant et narguent les propriétaires en s’adonnant à des séances d’acrobatie en voltigeant au dessus de leurs têtes, de branche en branche, tout en leur jetant les grappes de raisin ou des figues, nullement apeurés par le tapage, les cris ou les jets de pierres. L’occasion nous a été donnée d’assister, en direct, à ce duel plutôt insolite entre les protagonistes, au niveau d’Ighzer Iwakouren. A bien observer le comportement des singes, il y lieu de comprendre que ces escarmouches constitue une sorte de jeu, dont leur agilité leur assure une suprématie absolue, un état d’esprit que les paysans sont loin de partager en voyant les fruits de leur dures labeurs détruits par ces embarrassantes bêtes. Leur proximité et la familiarité avec les humains a fait que, l’année passée, ils se sont aventurés jusqu’à l’intérieur du village d’Ath Illiten et se sont même fait agressifs au point de semer la psychose chez les villageois qui ont eu peur pour leurs enfants et leurs femmes leur interdisant de se rendre dans les jardins, il a fallu l’intervention d’une brigade d’agents du PND qui ont immédiatement réagi, après la diffusion de notre article traitant de ce cas, pour éloigner ces intrus du village La présence en ces lieux de ces singes n’est, certes ni une surprise ni un phénomène nouveau, étant l’une des plus anciennes espèces animales peuplant les hauteurs du Djurdjura, mais ce qui est inquiétant et attire l’attention, c’est l’augmentation sensible de leur nombre et leur familiarité avec la présence humaine, phénomène qui s’explique par les séries d’incendies des deux dernières années qui, non seulement ont détruit leurs refuges, mais aussi leurs territoires naturels, là où ils trouvaient, auparavant, leur nourriture composée de glands, d’herbes et de racines comestibles ainsi que plusieurs espèces d’insectes dont ils raffolent. Toutes ces variétés de nourriture a été détruite par le feu et, c’est la faim qui a poussé ces primates à se rapprocher des lieux habités et des récoltes, pour survivre, guidés qu’ils sont par leur instinct de conservation… Toujours est-il que préserver les singes et, en même temps, sauver les récoltes, restent du domaine du possible, mais cela reste en dehors des capacités des seuls petits agriculteurs, d’où la nécessité d’une implication de l’état par l’intermédiaire des nombreux organismes ayant un lien direct avec la faune, la flore et l’agriculture L’opération la plus urgente, à notre avis, est de s’assurer d’abord que ces bêtes ne véhiculent aucune maladie transmissible à l’homme, une tache qui incombe aux vétérinaires du secteur étatique

Oulaid Soualah

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