Le corps découvert dans un état de momification totale !

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Près de quatre semaines après le drame, aucune enquête n’a encore abouti malgré toutes les assurances données par le ministre de la Santé

Selon les premières indications du rapport d’autopsie obtenues par La Dépêche de Kabylie, c’est un corps littéralement momifié que les services de l’hôpital psychiatrique de Oued Aïssi ont découvert en cette matinée du dimanche 21 août dernier. C’est que le décès de T. Hocine, 39 ans, remontait à plus de 40 jours.

Ce patient de 39 ans, originaire du village de Aït Saâda, dans la commune de Tadmait, banlieue ouest de la ville de Tizi-Ouzou, a été retrouvé pendu à un arbre à l’intérieur de l’EHS Fernane-Hanafi de Oued Aïssi. Selon nos sources, l’enquête qui suit toujours son cours n’écarte aucune piste sur ce drame, qui a soulevé l’émoi de l’opinion publique.

Dans ce sillage, on apprendra que le médecin légiste, chargé de la rédaction du rapport d’autopsie, a demandé des compléments d’information des services de police, notamment les conditions dans lesquelles le défunt a été retrouvé pour, justement, se fixer « définitivement » et se prononcer sur les circonstance du décès. Ainsi, près de quatre semaines après le drame, les proches de la victime s’interrogent toujours sur les raisons qui poussent la tutelle à rester inertes sans prendre la moindre mesure, même conservatoire, « à la hauteur de la gravité des faits », comme nous le disait hier encore l’un des cousins du défunt. Hormis un mouvement de redéploiement d’une partie du personnel de l’hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, la configuration au niveau de cet établissement est restée la même. « L’enquête suit son cours. Je suis personnellement ce dossier. Il y a eu mort d’homme et l’enquête déterminera les responsabilités. Il n’y a eu aucun rapport qui me soit parvenu », justifiait Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé lors de sa dernière virée à Tizi-Ouzou. D’autres sources proches de l’enquête menée par les éléments de la gendarmerie de Irdjen, dans la circonscription de Larbaâ Nath Irathen, révèlent que plusieurs personnes ont déjà été entendues dans ce cadre.

La mère du défunt a justement été entendue le mercredi 6 septembre à la brigade de gendarmerie d’Irdjen. « Elle a demandé les résultats de l’autopsie pratiquée sur le corps de son fils », a précisé à La Dépêche de Kabylie, l’un des cousins de Hocine. De son côté M. Gachetmi, le directeur de la santé publique à Tizi-Ouzou, a affirmé hier que l’enquête pilotée par le département de Ould Abbès n’a pas encore rendu ses conclusions : « Nous ne voulons pas faire sauter des fusibles. Nous attendons les résultats de l’enquête pour prendre la décision de sanctionner X ou Y. Il ne faut pas se précipiter, car il s’agit de la carrière de personnes. Nous attendons les conclusions de l’enquête qui situera les responsabilités, pour agir », dira le DSP. Ce qui est certain, ajoute notre interlocuteur, c’est que ce drame ne « restera pas impuni » et que les sanctions seront prises en « temps opportun ». Le décès, qualifié précédemment par les membres de la famille du défunt de « grave négligence », a été constaté le 21 août, soit plus de quarante jours après la disparition du patient, qui était interné au pavillon 4 de l’EHS Fernane-Hanafi de Oued Aïssi. Sa mère qui s’est déplacée le 9 juillet, a alerté les services de la gendarmerie de Tadmaït, deux jours après la disparition de son fils, n’a plus eu aucun contact avec l’établissement hospitalier, jusqu’au samedi 20 août, lorsqu’un appel anonyme d’une personne se présentant comme un responsable au niveau de la psychiatrie lui demandant des nouvelles de Hocine. Le lendemain, ce dernier fut retrouvé pendu à un arbre dans un état de décomposition avancée. Selon des sources sûres, les premières indications indiquent clairement que le corps du défunt a été retrouvé littéralement momifié ce qui pourrait s’expliquer soit par l’environnement immédiat du drame, qui pouvait être humide et donc avantager la momification, ou bien par le fait que le corps soit resté sans vie très longtemps (nos sources parlent de 45 jours). Des questions que continue de soulever la famille du défunt, qui s’interroge sur ces « zones d’ombre qui subsistent ». Au chapitre des négligences, des médecins se posent, eux aussi des questions sur le rôle qu’auraient dû (et doivent) jouer les inspecteurs de la santé publique qui exercent sous la tutelle du ministère de la Santé. « Comment ne pouvaient-ils pas anticiper un tel drame ? Ne sont-ils pas censés effectuer des inspections au niveau de ces établissements pour s’enquérir de l’état des lieux ? », s’interroge un médecin, qui a requis l’anonymat. Notre interlocuteur cite le cas « flagrant » de l’absentéisme de certains médecins spécialistes et la responsabilité de l’actuel directeur de la psychiatrie, absent au moment des faits. « Il y a des médecins spécialistes au niveau de cet établissement qui s’érigent le droit de s’absenter de leur service pendant des semaines sans qu’aucune mesure ne soit prise. Certains « pigent » dans des cliniques privées sans être inquiétés. Le directeur qui a légué ses prérogatives à un intérimaire parmi le corps paramédical doit-il endosser seul la responsabilité ? », se dit en outre, notre interlocuteur. Ce point a même été l’objet d’un rapport interne daté du 18 août, dont nous détenons une copie, signé par une vingtaine de médecins résidents de l’EHS Fernane-Hanafi, dans lequel ils se plaignent de la situation qui perdure au niveau de leur établissement. »A notre étonnement, des agissements de certains médecins spécialistes ayant joui durant des années de beaucoup de privilèges de l’activité complémentaire, à l’abandon du malade et leurs absences du service d’hospitalisation à l’EHS, reposant leur fuite sur notre dévouement à l’égard du malade et profitant de notre sagesse et notre volonté de réussir », écrivaient-ils.

Interrogé sur ce sujet par La Dépêche de Kabylie, M. Gachetmi, directeur de la santé dira que la question incombe au premier responsable de l’établissement : « L’absentéisme des médecins est une affaire de discipline, qui relève des prérogatives du directeur de l’unité. Il doit prendre les mesures nécessaires en cas de manquement, au niveau de son établissement », nous a indiqué le DSP. Ce dernier n’a, par contre, pas confirmé l’existence d’un rapport interne d’une commission d’enquête installée par la direction de l’hôpital.

Une enquête qui, révèlent nos sources, a mis le doigt sur des « détails techniques » tel que l’élévation de la clôture de l’établissement hospitalier ou le manque de personnel qui aurait permis au patient de « fuguer », sans qu’il soit aperçu, d’autant plus que le pavillon où était interné T. Hocine compterait trois infirmiers pour une soixantaine de patients.

Omar Zeghni

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