Cette grève qui soulève la colère !

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Depuis plusieurs semaines, les travailleurs des communes des wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira observent une grève cyclique de trois jours.

Une grève initiée, à l’origine, par le Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (SNAPAP) pour, soi-disant, accompagner le mouvement populaire, qui réclame le départ du système et rejette l’élection du 4 juillet prochain. Depuis le début de la grève, le citoyen se retrouve désorienté face à ces guichets fermés trois jours dans la semaine. Les travailleurs des communes assurent en effet le service seulement les dimanche et jeudi.

Les journées de travail se déroulent alors sous haute tension, notamment au niveau des guichets de l’état civil. Les citoyens se sont depuis quasiment synchronisés au rythme du débrayage qui pour se faire délivrer une pièce d’Etat civile, qui pour une transaction administrative, qui pour… Les autres journées, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, pénalisés par ce mot d’ordre qui les contraint à se plier à cette réalité imposée qui se répercute d’une manière négative sur leur quotidien.

La situation devient surtout pénalisante, particulièrement quand il s’agit de cas urgents, sachant qu’aucun service minimum n’est assuré. Le personnel gréviste n’assure même pas une présence symbolique, que d’excès, de dépassement, d’entorse à tout et à tous au nom d’un prétendu soutien au mouvement populaire, en somme. L’action étant inscrite dans la durée, elle a déjà suscité des réactions de rejet et de colère des citoyens, de la société civile de manière générale, mais aussi des maires qui se retrouve à faire face malgré lui face au citoyen perdu devant un tel abus. Tout le monde s’accorde en effet à dire que les répercussions de cette grève sont «négatives et pénalisantes».

Des voix s’élèvent sur les réseaux sociaux et à travers des déclarations et communiqués rendus publics pour demander à ce syndicat de revoir sa position. Le comble, c’est que cette action censée être à l’échelle nationale, s’est circonscrite aux seules communes de la wilaya de Tizi-Ouzou et certaines municipalités de Bouira et de Béjaïa. Les premiers à réagir sont les présidents d’APC, qui se sont exprimés sur la question, à l’occasion de leur récente réunion, au niveau de l’APW de Tizi-Ouzou, pour le boycott de l’élection.

Contacté par La Dépêche de Kabylie, le maire d’Aït-Bouadou, Mouloud Mouloudj, avance : «Je ne suis pas contre l’action syndicale, mais la grève cyclique de trois jours n’est pas dans l’intérêt de la population ni du mouvement populaire.» Pour lui, «cette grève n’a pas lieu d’être, puisque en ce qui concerne l’élection du 4 juillet, les maires ont pris la décision de la boycotter». Pour Mouloudj Mouloud, «cet argument ne tient pas la route et le SNAPAP doit revoir sa position dans l’intérêt général».

Pour le président de l’APC d’Aït-Bouadou, (daïra de Ouadhias), «si le SNAPAP a envie d’accompagner le mouvement, c’est bien de son droit et c’est à son honneur mais pas à travers des actions qui pénalisent le simple citoyen». Selon lui, «une grève d’une journée avec une action de rue, une fois par semaine, serait plus significative et bénéfique pour le mouvement». Le même avis est partagé par le maire d’Aït-Oumalou, Sofiane Mokhtari. «Nos citoyens sont pénalisés. Certes, nous assurons le transport scolaire et le service de voirie (collecte des ordures ménagères) mais ça reste insuffisant.

Le citoyen est surtout pénalisé par l’absence d’un service minimum, au niveau de l’état-civil et du technique», regrette-t-il. Pour lui, l’action entreprise au niveau des communes par les travailleurs «est tout simplement de l’absentéisme». «L’observation d’une grève suppose la présence sur le lieu de travail… mais ce n’est pas le cas,» affirme-t-il. Et puis il y a ce fait, ce constat établi par tous sur cette grève, que le SNAPAP prétend d’une dimension nationale alors qu’elle n’est suivie que dans trois wilayas : Tizi-Ouzou et quelques communes de Béjaïa et Bouira. Une réalité dont désormais tout le monde s’est rendu compte et dénonce. «Ce n’est pas possible que seules des municipalités de la Kabylie soient pénalisées. Le SNAPAP doit s’expliquer sur cette question,» s’offusque-t-on sur les réseaux sociaux endossant la pleine responsabilité à ce syndicat sur la situation qui prévaut, caractérisée par une «désertion du lieu de travail trois jours par semaine du lieux de travail».

Kamela Haddoum

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