Des marées humaines en Kabylie

Partager

Des milliers de personnes ont déferlé, hier, dans les rues des principales villes de Kabylie pour réitérer leur demande de changement du système politique dans le pays.

Coïncidant avec le premier anniversaire du soulèvement populaire du 22 février 2019, des milliers de manifestants ont déferlé hier dans la ville de Tizi Ouzou, décidés plus que jamais à faire du 22 février l’acte révolutionnaire pacifique pour l’édification d’un véritable État démocratique. Pour ce 53e vendredi du Hirak, ils étaient encore plus nombreux que les précédents week-ends à sortir dans les rues de Tizi Ouzou pour réclamer un changement radical dans la gestion des affaires de l’État et surtout exiger la libération de détenus d’opinion qui croupissent depuis plusieurs mois dans les prisons. Suivant le traditionnel itinéraire depuis le portail principal de l’université Mouloud Mammeri jusqu’à la Place de La Bougie à la sortie Ouest de la ville, des milliers de personnes, jeunes, vieux, enfants, hommes et femmes, ont marché dans le calme en brandissant des banderoles réclamant le changement du système, la libération de la presse et de la justice et entonnant des chants et slogans à la gloire des martyrs de la Révolution et des détenus d’opinion. Durant une année, les rues de Béjaïa ville étaient le théâtre de manifestations monstres !

Hier, 53e vendredi de marches contre le système, une imposante marche a été organisée dans les rues du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, à laquelle ont pris part des milliers de manifestants. Durant toute la marche, plusieurs slogans ont été repris par la foule. Du caractère pacifique du mouvement à l’impératif changement du système de gouvernance en Algérie, en passant par une justice indépendante et une presse libre, les revendications de la rue sont restées les mêmes pendant une année. N’affichant aucune pointe de défaitisme, les Béjaouis semblaient résolus «à continuer le combat» jusqu’à ce que, a-t-on scandé à gorges déployés, «Yetnehew gaâ». Le 53e vendredi de mobilisation populaire contre le système, signalons-le, a connu un retour en force des femmes et, surtout, des jeunes et des moins jeunes. Le cortège, un mélange des genres de tous âges et de diverses sensibilités idéologiques, a été impressionnant, faisant renaître l’espoir chez ceux qui appréhendaient son essoufflement. «Le combat continue», «Nous, dignes fils du colonel Amirouche, ne ferons jamais marche-arrière», a-t-on fredonné pendant de longs moments.

De la maison de la culture jusqu’au chemin qui montent vers l’ancienne ville, la rue a encore une fois donné de la voix et maintient le cap de la mobilisation, malgré les multiples tentatives visant à récupérer le mouvement. Les manifestants n’ont pas omis aussi de souligner «l’illégitimité» du pouvoir en place, réclamant «le départ de toutes les figures» ayant présidé aux destinées de l’Algérie ces dernières années. Il importe de signaler qu’une autre manifestation antisystème a été organisée, le même jour, dans les rues de la ville d’Akbou, 2e plus importante commune de la wilaya de Béjaïa. À Bouira, le 53e vendredi de marche populaire a connu une mobilisation de milliers de citoyens qui ont investi les rues pour appeler à un «changement du système politique».

Contrairement aux précédents vendredis, la marche d’hier a connu une très forte mobilisation citoyenne avec un retour en force des marcheurs, notamment des familles. Beaucoup de citoyens ont tenu à se déplacer pour participer à cette 53e marche, qui intervient à la veille du premier anniversaire du Hirak. Comme à l’accoutumée, la marche s’est ébranlée vers 13h30 à partir de la place des martyrs en direction du centre-ville. Pendant plus de 2 heures de temps, les marcheurs ont sillonné les principales artères de la ville de Bouira en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place. «Pouvoir assassin !», «Dawla madania machi aaskaria» (État civil et non militaire) ont repris en chœur les marcheurs. Ces derniers ont aussi réitéré les mêmes revendications appelant, entre autres, au départ des anciennes figures du système, à l’instauration d’une période de transition, mais aussi d’un État civil, social et démocratique garantissant les libertés individuelles et l’indépendance de la justice. De même, les marcheurs dont certains brandissaient des portrais de Karim Tabbou, Foudil Boumala et Adelwahab Fersaoui ont exigé la libération de tous les détenus politiques. «Libérez les otages !» a fusé de partout. La marche s’est poursuivie jusqu’à 15h30 avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme sans qu’aucun incident ne soit signalé.

Ali C./ F. A. B. et Djamel M.

Partager