«Il faut des institutions crédibles»

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Said Khellil, ancien Premier secrétaire du FFS (Front des Forces Socialistes) et militant de la cause berbère, a déclaré, avant-hier, que «l’État profond en Algérie et ceux qui décident sont invisibles».

Invité à une émission politique de Berbère télévision, Said Khellil a longuement commenté les événements en cours en Algérie depuis le 22 février expliquant que cette révolte était l’aboutissement logique et inévitable de longues années de silence et d’omerta politique. « Pendant de longues années, l’activité politique a été presque réduite à néant à cause de l’absence de liberté d’activer et de s’exprimer, il était donc systématique que le peuple ne pouvait pas se taire plus que ça afin d’exiger un changement profond et radical », a souligné Said Khellil.

Ce dernier a estimé que le pouvoir algérien est complètement déconnecté du peuple et des aspirations de ce dernier. La preuve, a expliqué l’ancien détenu du Printemps berbère de 1980, le pouvoir ne s’attendait point au soulèvement qui a démarré le 22 février et il pensait que les choses allaient continuer de se dérouler exactement comme il l’avait planifié. La situation de crise que vit l’Algérie actuellement est aussi la conséquence de la prise du pouvoir par la force qui a été toujours de mise depuis l’indépendance en 1962, a ajouté l’invité de Berbère télévision.

« Ce pouvoir illégitime se maintient par la force depuis 1962 », a rappelé Said Khellil. Ce dernier a expliqué que désormais, l’Algérie est dans une impasse et les décideurs semblent ne pas avoir de feuille de route pour l’avenir proche. Said Khellil a fait une comparaison avec ce qui s’est passé en 1992. « En 1992, après l’arrêt du processus électoral et la démission forcée du président Chadli Bendjedid, les décideurs avaient préparé le terrain avec notamment la dissolution de l’APN, l’appel fait à Mohamed Boudiaf pour présider l’État et la création du Haut Comité de l’Etat (HCE) mais pour la crise actuelle, les choses ont tout l’air d’être beaucoup plus compliquées », analyse Said Khellil.

Ce dernier explique que le pouvoir souffre actuellement de l’absence de crédibilité de ses institutions. Le gouvernement actuel n’est pas crédible puisque le Président qui l’a désigné a démissionné. « Il en est de même du président de l’État Abdelkader Bensalah, contesté par tous les Algériens qui s’expriment régulièrement à travers les marches », ajoute Said Khellil qui conclut que la somme de tous ces éléments a engendré une situation de statu quo actuel.

«La solution à tous les problèmes posés en Algérie réside dans l’instauration d’un État de droit où toutes les libertés individuelles et collectives seraient respectées. Il faudrait également qu’il y ait une séparation des pouvoirs et que tous les pouvoirs ne soient pas mis entre les mains du seul président de la République,» a plaidé Said Khellil. Quant à la clé pour la concrétisation d’un tel objectif qui peut paraître surréaliste, Said Khellil répond : « Nous n’avons rien à inventer. Nous ne sommes pas les premiers à aspirer à un État de droits. Nous n’avons qu’à nous inspirer des expériences des pays qui nous ont devancés dans ce domaine et ils sont très nombreux ».

Aomar Mohellebi

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