La détresse des sinistrés !

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«Cela fait maintenant plus d’un mois que nous n’avons pas travaillé», dit un commerçant locataire d’un des immeubles en démolition actuellement à Aïn El Hammam. Bien que l’opération de démolition soit irréversible, il revient chaque matin, comme d’habitude, sur les lieux où il a passé une dizaine d’années. Il se met face à l’immeuble qui l’a abrité des années durant et suit, le cœur serré, le travail inexorable des engins. Comme quelques démunis, il ne sait pas de quoi sera fait demain. «Ceux qui ont de l’argent ne sont pas beaucoup touchés. Ils peuvent acheter ailleurs. Nous sommes quelques uns seulement à avoir perdu notre unique ressource.»

Un de ses amis rencontré au café du centre nous confie, les larmes aux yeux, qu’il «ne peut pas assister à ces travaux que d’aucuns suivent comme un spectacle. C’est là bas que j’ai gagné ma croûte, en tant que propriétaire des lieux. Maintenant, je me prépare à chercher du travail chez les autres, pour une bouchée de pain.» Les commerçants sont partis en emportant leur marchandise et rien d’autre. Les rideaux et autres portails, les lavabos, et même des étagères ont été dérobés de nuit par des inconnus. Un riverain nous dit qu’à partir de minuit, les batiments deviennent un chantier où les masses et les burins font un bruit infernal. «On détache tout ce qui peut avoir une valeur marchande». Le recasement, personne n’en parle ni n’y croit, sachant que d’autres sinistrés des années 2009 n’ont pas trouvé jusqu’à maintenant d’oreille attentive à leurs doléances.

Certains se sont remis au travail comme garçons de café ou autre alors que d’autres sont carrément partis ailleurs. Le contact avec les autorités s’est limité aux injonctions de quitter les lieux sans discussion. «Nous savions que l’immeuble était en danger tout comme il risquait de s’effondrer à tout moment avec les conséquences qui allaient en découler. Mais nous attendions qu’on nous promette une compensation ici ou ailleurs, par le biais de la wilaya.» Notons que, lors de la construction de ces immeubles, il y a une dizaine d’années, en lieu et place de l’ex marché couvert qui a, lui aussi, subi les affres du glissement de terrain, les acheteurs de ces locaux et appartements s’étaient bousculés malgré le risque de se retrouver dans la situation actuelle.

A. O. T.

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