CHERIF MELLAL, président de la JSK : « Le CSC nous a réclamé 2,5 milliards pour gagner »

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C’est un président lucide, satisfait du travail accompli par son équipe, mais visiblement très en colère contre les dirigeants du CSC dont l’équipe n’a pas respecté l’éthique en laissant faire l’USMA.

N’ayant pas sa langue dans sa poche, comme à son habitude, il accuse et révèle que les Constantinois lui ont réclamé une motivation de 2,5 milliards pour gagner contre l’USMA.

Tout comme il flingue le ministre de la Jeunesse et des Sports qui «a osé dire que l’USMA mérite d’être champion» avant que le match n’ait lieu. «C’est inadmissible !», clame Cherif Mellal.

La Dépêche de Kabylie : La JSK termine deuxième en championnat avec une grande frustration d’avoir raté le coche malgré sa victoire ce soir devant le CABBA. Globalement, comment évaluez-vous sa saison ?

Cherif Mellal : Je tiens d’abord à féliciter l’USMA pour avoir gagné le Championnat. Ensuite, je dirai que la logique n’a pas été respectée. Aujourd’hui, nous en voulons au CSC qui n’a pas joué le jeu et n’a pas respecté l’éthique sportive. Normalement, on a de bonnes relations avec toutes les équipes y compris le CSC.

Mais… Aujourd’hui, je le dis : je les accuse ! En tant que JSK, le CSC nous a contactés réclamant de la motivation pour leurs joueurs pour les pousser à gagner le match. Personnellement au départ j’étais contre, mais on a réfléchi et on a pris une décision.

On leur a dit, ça marche, on va vous donner 20 millions pour chaque joueur. Ils nous ont clairement dit, que si vous nous donnez une motivation, on gagnera le match.

Comme je vous le disais j’étais contre, mais on a réfléchi et on a décidé de le faire en proposant donc les 20 millions à chaque joueur.

Mais comme retour, on nous a signifié qu’il fallait donner 2,5 milliards pour assurer la victoire. Alors, je leur ai dit que désormais je ne donnerai même pas 10 dinars.

Si vous voulez respecter l’éthique sportive, c’est bon et c’est tant mieux pour le football, sinon, tant pis. Nous, notre conscience est tranquille. Voilà notre dernière réponse.

Cela dit, en dehors de cette histoire qui remet presque en cause tout, on a fait un parcours très honorable. On a travaillé, on s’est donnés à fond, on a couru et on travaillera encore plus. On ne va pas baisser les bras. Aujourd’hui, c’est tout le monde qui voit ce qui se passe dans le football algérien.

La saison prochaine, on va travailler davantage pour leur dire que nous sommes venus pour travailler et former une grande équipe. Le retour de la JSK sur la scène africaine va donner une leçon à toutes les équipes algériennes et même africaines.

Elle sera encore plus forte que cette année. Je saisi l’occasion pour rendre hommage et remercier tous ceux qui travaillent avec moi, toute cette jeune équipe avec qui nous travaillons. Aujourd’hui, moralement on est les champions.

On peut marcher la tête haute, on a donné l’exemple avec cette jeune équipe, la modeste masse salariale qu’on a déboursé aussi pour arriver là ou nous sommes arrivés. Le cœur n’a pas de prix.

On a aujourd’hui donné une leçon à toutes les équipes qui jouent en Division I, en leur faisant comprendre que ce ne sont pas les noms qui font la différence mais c’est le travail, le sérieux, la rigueur et l’amour de l’équipe. C’est ce qui nous permettra d’être encore plus forts la prochaine saison.

C’est vrai que la JSK est l’une des rares équipes, si ce n’est l’unique, à n’avoir pas fait de folies sur le plan financier et parvenir à de telles résultats…

On a dès le début cru au groupe. C’est une jeune équipe. On a mis la main dans la main, dirigeants, joueurs et staffs. On a travaillé et glané le maximum à la phase aller, avec 26 points.

Au retour, c’était 26 points aussi, ce qui dénote un parcours très honorable. C’est certes une jeune équipe qui n’a pas une grande expérience, mais, l’année prochaine, je suis convaincu, elle sera parmi les meilleures.

Personnellement ce fut certainement une expérience enrichissante pour vous qui débarquez dans ce milieu…

Oui et j’ai découvert de l’intérieur un milieu bien pourri. Quand un ministre de la République prend position par avance, en disant que l’USMA mérite de gagner le Championnat, c’est inadmissible.

On l’invite à démissionner, car il ne peut pas être un ministre qui représente toutes les instances sportives et le peuple algérien à partir du moment où il se positionne. Pour moi, c’est inadmissible et ça n’encourage pas le sport.

Quand le public criait, à la fin du match, c’est nous les champions, c’était tout de même bon pour le moral, n’est-ce pas ?

Oui c’est réconfortant car tout le monde a vu ce qui s’est passé. Aujourd’hui, les 40 millions d’Algériens ont vu qu’il y a eu un match qui ne s’est pas joué dans les règles. J’accuse le CSC, qui n’a pas respecté l’éthique sportive.

Depuis deux ans, ils n’ont pas perdu à domicile. Maintenant, ils perdent à domicile par 3 à 1, c’est inadmissible. Pour moi, nous sommes les champions moral.

Une belle performance toutefois. Il ne faut pas faire la fine bouche puisqu’au départ, les objectifs étaient d’éviter la relégation et construire une équipe alors qu’à l’arrivée, vous êtes à la deuxième place…

Le Championnat, cette année, a été très serré, jusqu’à la dernière journée. Les années précédentes, il se terminait à l’avance. La relégation se faisait donc à l’avance. Tout était désigné avant l’heure.

Nous, nous sommes battus contre cela et pour un football sain et propre. Aujourd’hui, tout le monde voit ce qui s’est produit. C’est malheureusement celle-là la vérité de notre football.

Il y a des témoins, des appels téléphoniques échangés (avec le CSC ndlr). S’ils (le CSC) avaient perdu sur le rectangle vert, avaient joué et s’étaient donnés à fond, ça ne fait rien, ce n’est pas grave, on l’aurait accepté.

Mais ceux qui ont vu la physionomie du match ont remarqué que le résultat est déshonorable pour le CSC. Nous n’avons aucun problème avec le public des Sanafir.

C’est un public qui connaît le sport. Un public fair-play. De toutes les façons, on s’excuse si on a blessé le public du CSC. Ce qui m’a vraiment énervé, ce sont les dirigeants.

Pourtant, vous avez été le seul à les soutenir en vous rendant même en Tunisie lors de leur match continental ?

Je ne le regrette pas, et si c’était à refaire, je le referai. On l’a fait pour l’Algérie. Inchallah, l’année prochaine, la JSK représentera dignement notre pays à la compétition africaine.

On va démontrer que c’est une grande équipe. La JSK a des hommes qui vont veiller pour que le club aille de l’avant.

Selon vous, les dirigeants du CSC ont tourné le dos aussi à leurs supporters…

Me concernant, cela fait deux jours que je leur ai fermés la porte (les dirigeants du CSC). Aujourd’hui (samedi, le jour du match ndlr), ils nous ont rappelé encore.

Donc, si on était d’accord pour donner 2,5 milliards, ils allaient gagner, et si on ne les donnait pas, ils allaient perdre, et c’est ce qui s’est passé. C’est vrai qu’on était ok pour offrir 20 millions par joueur comme motivation, mais pas au delà.

Plus ça s’appelle autre chose, pas de la motivation. Car la motivation n’est pas interdite. Voilà ce que s’est passé, et comment on a perdu le titre.

Nous, on relève toujours la tête et on avance. On va travailler encore plus l’année prochaine. C’est notre première expérience, inchallah à l’avenir, on sera meilleur.

Propos recueillis par Kaméla Haddoum

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