«Les ZI sont dans un état lamentable»

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Le directeur de l’UGZIA, Rabah Yermèche, explique à travers ce qui suit les contraintes et les problèmes qui empêchent la mise en exploitation de certaines zones d’activité et la rentabilisation d’autres. Il s’est confié récemment à la radio locale.

«L’UGZIA de Tizi Ouzou, a-t-il indiqué d’emblée, gère 13 zones d’activités en plus de la zone industrielle de Oued Aïssi (zone Aïssat Idir). Donc, au total, nous avons 14 zones qui totalisent environ 300 hectares. Elles sont réparties sur l’ensemble du territoire de la wilaya : Tadmaït, Azeffoun, Boghni, Aïn El Hammam, Tizi Gheniff, Fréha, Boudjima… Il y en a aussi d’autres gérées par l’Agence foncière ou par les APC.

Les problèmes au niveau de ces zones, poursuit-il, sont énormes. Certaines sont à peu près viabilisées et donc actives et productives, comme c’est le cas de celles de Oued Aïssi, Fréha, Boghni et Draâ ben Khedda. Mais les contraintes concernent leur viabilisation et les moyens pour leur bon fonctionnement persistent».

Expliquant l’historique de la création de ces ZAE, M. Yermèche dénonce : «Elles ont vu le jour sans études préalables et sans planification, c’est en quelque sorte du bricolage ! Certains investisseurs ne possèdent pas d’actes et d’autres ont bénéficié de lots qu’ils n’ont jamais exploités. Mais le plus grand problème, c’est l’éternel inachèvement de ces zones. Certaines ont été créées il y a 40 ans et ne sont toujours pas finalisées. Il y a bricolage ! Aujourd’hui, on peut dire que rares sont les zones que les opérateurs peuvent pleinement exploiter. Beaucoup luttent pour cela et il faut leur rendre hommage, car ils vivent un calvaire dû au manque de viabilisation et parfois même de sécurité, certaines zones n’étant même pas clôturées». Abordant la question environnementale au niveau de ces sites industriels, le directeur de l’UGZIA déplore : «La plupart ont un problème relevant de l’environnement et de la propreté.

A Tala Athmane, seuls six opérateurs activent sur une centaine qui sont répertoriés

A Tala Athmane, un vrai un casse-tête se pose. Non seulement la zone locale se trouve dans un lieu non sécurisé et non clôturé, mais aussi seuls 5 à 6 opérateurs y travaillent, alors qu’une centaine d’industriels sont répertoriés à ce niveau.

Du coup, la zone est transformée en décharge où des riverains et des commerces limitrophes se débarrassent de leurs déchets. Pourtant, nous avons organisé plusieurs opérations de nettoyage, mais dès le lendemain, c’est le retour à la case départ», regrette-t-il. Interrogé sur l’existence éventuelle d’un programme de réhabilitation et de viabilisation de toutes les zones en souffrance, M. Yermèche a indiqué que «pour le moment, nous n’avons rien reçu de concret mais, assure-t-il, nous avons établi le diagnostic. Toutes les études et toutes les fiches techniques sont transmises aux responsables compétents et nous attendons leurs réponses. Nous espérons qu’en 2020, nous aurons un programme, même partiel».

«En tout cas, au niveau local, il faut inscrire des projets pour améliorer la situation des zones d’activités, dont la viabilisation, selon la réglementation, incombe aux autorités locales. L’UGZIA n’est concernée que par le volet gestion», explique-t-il par ailleurs. S’agissant des financements nécessaires à la viabilisation des zones non encore raccordées aux réseaux divers, l’invité de la radio locale parle de la nécessité de mobiliser au moins 300 milliards de centimes «rien que pour garantir les conditions minimales qui permettront aux opérateurs de travailler dans de meilleures conditions», tient-il à préciser.

«Il sera question, explicite-t-il, de l’ouverture d’accès, de l’amenée d’eau, d’électricité et de gaz, de la réalisation de l’assainissement et de la fibre optique… Il faut savoir qu’au niveau de plusieurs zones, certains opérateurs travaillent avec des transformateurs propres à eux, car le réseau existant est saturé. C’est le même cas pour l’eau».

Nécessité de mobiliser 300 milliards pour la viabilisation des sites

Sur la récupération des lots distribués et non exploités, le directeur relève que ce volet est scindé en deux parts.

«D’abord, détaille-t-il, il y a l’origine de la propriété. Nous avons des mandats de gestion de certaines zones, mais nous ne détenons pas encore les papiers administratifs : à Tala Athmane, à titre d’exemple, certains opérateurs n’ont pas d’actes de propriété. Ensuite, il y a le cas des bénéficiaires que nous ne connaissons pas encore. Nous avons beau chercher, mais ils sont introuvables. A cela s’ajoute le problème de ceux qui ont construit au niveau des parcs industriels et de ceux qui ont changé d’activité… Il faut une commission pluridisciplinaire pour tout recenser, classer les zones et prendre des décisions qui s’imposent. Une chose est sûre : les problèmes sont multiples et épineux», reconnaît-il. Pour la procédure de récupération des lots inexploités, le directeur de l’UGSIA informe qu’elle se poursuit toujours, précisant qu’une commission de wilaya au niveau du secréterait général a récupéré quatre lots.

«C’est un travail de longue haleine qui a besoin de temps. Nous effectuons des sorties avec l’Agence foncière, la DIM et les domaines. Nous établissons des PV et des constats et enquêtons doucement. Il faut aussi dire que certains bénéficiaires de lots ne sont pas connus et ont complètement disparu», rappelle-t-il. Dans ce cadre, l’hôte de la radio de Tizi Ouzou fait savoir que «plus de 600 opérateurs se sont installés dans les zones mais plus de 50 % n’ont pas encore lancé leurs projets pour différentes raisons, allant de la viabilisation jusqu’aux oppositions, en passant par les constructions individuelles au niveau des zones».

Interrogé sur les mesures à prendre pour permettre l’exploitation effective des zones d’activité à la traîne, le directeur de l’UGZIA préconise : «Si depuis quarante ans, nos zones d’activités n’ont d’activités que le nom, si aujourd’hui on veut relancer notre économie, il faut tout d’abord donner de l’importance à l’investissement et en finir avec le bricolage. Il faut un suivi rigoureux. L’administration doit s’en occuper sérieusement et en faire une priorité. Le diagnostic est établi, des idées sont proposées et l’ensemble des intervenants doivent unir leurs efforts.

Il faut donc repenser l’investissement, achever l’ensemble des zones et procéder à leur classification. Aujourd’hui, aucune n’est achevée, même celle de Oued Aïssi, créée en 1972. Au niveau de ce parc industriel, 11 opérateurs attendent toujours le lancement de leurs projets, bloqués par des oppositions. C’est un manque à gagner énorme pour l’UGZIA. Il faut savoir que plus de 200 factures n’ont pas été parvenues à leurs destinataires, dont certains sont introuvables et d’autres réclament de meilleures conditions pour payer. Cette affaire a été introduite en justice, mais la procédure traîne et demande de l’argent que nous n’avons pas».

Concernant, enfin, la création de nouvelles zones gérées par la DIM, M. Yermèche liste celles de Draâ El-Mizan, Tizi Gheniff et Souamâa : «Ce sont là encore, relève-t-il, des zones qui tardent à voir le jour. Il faut leur éviter la situation dont se trouvent les zones existantes par des études fiables, des financements nécessaires et des délais de réalisation fermes. Il est aussi essentiel de choisir de vrais investisseurs».

H. T.

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