«On risque de griller la saison estivale si…»

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Le maire FFS de Tigzirt, Abbou Moussa, qui est à son deuxième mandat consécutif, revient dans cet entretien sur la situation de sa commune. Il évoque les projets réalisés et ceux en cours et les dégâts occasionnés par les intempéries successives.

La Dépêche de Kabylie : Pour entrer dans le vif du sujet, où en sont vos PCD 2018 ?

Moussa Abbou : Laissez-moi rappeler que lors de notre premier mandat, nous avons mis l’accent sur des projets dits de sous-terrain, c’est-à-dire le gaz naturel, l’AEP, l’éclairage public et la fibre optique, chose qui nous a amenés à refaire les trottoirs de la ville en pavés et à réaménager le centre-ville. Pour ce qui est des PCD 2018, nous avons eu une cagnotte de 2,8 milliards de centimes, en plus des programmes complémentaires spécial-saison estivale.

Nous avons réparti la cagnotte sur les quatre grands villages de notre commune, à savoir Tifra, Laâzaïeb, Cheurfa et El Kalaa. Nous avons retenu des opérations d’assainissement, d’AEP et de dallage des ruelles. L’ensemble des opérations ont été finalisées. Pour l’exercice en cours, nous avons eu 3,3 milliards de centimes et des PCD hors programme. Nous sommes en phase de lancement des consultations. Des opérations d’aménagement des placettes publiques, la poursuite des dallages, des travaux d’AEP et d’assainissement sont prévues pour les villages.

Qu’est-il prévu au centre-ville de Tigzirt qui reste un centre urbain touristique ?

Concernant la ville, nous sommes déjà en train de finaliser les projets lancés lors du premier mandat, à savoir l’achèvement du nouveau siège de l’APC qui est une de nos priorités et qui a atteint un taux d’avancement de 70%.

Certains étages sont déjà opérationnels. Ce siège nous coûtera 10 milliards de centimes. Nous avons aussi un espace d’animation à la sortie Ouest de la ville et la réhabilitation des 3 jardins publics de la ville, tous deux en cours de réalisation. La stèle des chouhada au centre-ville est aussi en cours de réhabilitation, ainsi que l’embellissement du chef-lieu pour plus d’attractivité.

Durant la saison estivale particulièrement, Tigzirt connaît un problème aigu d’eau. Qu’est-ce qui est fait dans ce domaine ?

En effet, Tigzirt souffre de manque d’eau, surtout en été. Un problème qui ne devrait pas exister dans une ville touristique. Mais hélas, c’est une réalité. Néanmoins, ces derniers temps, il y a une amélioration mais cela reste insuffisant.

Il faut impérativement remettre en service la station de dessalement de l’eau de mer qui est à l’arrêt. Il faut aussi que notre quote-part en eau soit renforcée pendant l’été, en attendant la réalisation de la nouvelle station de dessalement d’eau de mer qui sera implantée à Tamda Ouguemoun à Iflissen, d’une capacité de 40 000 M3/jour. C’est un grand projet qui demande du temps, il faut donc absolument pomper plus vers Tigzirt et tout le flan nord de la wilaya.

Les intempéries de novembre 2018 ont été à l’origine d’énormes dégâts, notamment au niveau des plages de Tassalast et Féraoun, chose qui menace la prochaine saison estivale. Qu’est-ce qui doit être fait pour réhabiliter ces plages ?

Tout d’abord mes vifs remerciements à tout le monde pour la mobilisation dont chacun a fait preuve durant cette pénible et tragique période, car notre commune n’a jamais connu une situation aussi critique. Les inondations ont été très ravageuses. Heureusement, les vies humaines ont été préservées. Pour en revenir aux dégâts et à ce qui doit être fait, il faut en effet agir dans l’urgence, sinon on ne pourra pas parler de saison estivale 2019. A ce titre, j’interpelle le wali de Tizi Ouzou afin d’intervenir pour lancer l’ensemble des travaux retenus. Les financements nécessaires ont été mobilisés dans le cadre des intempéries, mais les travaux ne sont pas encore lancés. Il faut vite mettre le moteur en marche, sinon on risque de griller la saison estivale.

Et si les travaux sont faits à temps, un programme d’animation a-t-il été préparé ?

Bien entendu, un programme a d’ores et déjà été tracé en collaboration avec des entreprises privées. Il s’agira de la 2ème édition des Belles nuits de Tigzirt. La 1ère édition a été une belle réussite et une véritable bouffée d’oxygène pour toute notre wilaya.

Allaoua, Takfarinas, Algérino et Akli D, pour ne citer que ces artistes, ont créé beaucoup d’ambiance, en plus de toutes les retombées sur l’économie locales. Cette année inchallah nous allons aussi inviter des chanteurs et des artistes de renom. il y aura également des programmes avec la DJS et la direction de la culture, en plus des braderies qui seront tenues par l’APC pour promouvoir notre patrimoine artisanal.

Les élèves du lycée Toumi ont déclenché une grève la semaine passée pour réclamer du chauffage. Qu’en est-il du

secteur de l’éducation dans votre commune ?

L’APC gère les écoles primaires et nous totalisons neuf écoles toutes branchées au gaz naturel. Le problème de chauffage ne se pose pas. Pour ce qui est des lycées et les CEM, ils sont gérés par la direction de l’éducation qui a installé des chaudières fonctionnant au gasoil. Il arrive qu’une chaudière tombe en panne et quand il faut réparer, c’est l’établissement ou la direction de l’éducation qui intervient.

La chaudière a donc été réparée et les élèves ont repris normalement leurs cours. Je tiens également à informer la population de Tigzirt que nous venons de bénéficier de l’inscription d’un nouveau lycée qui sera implanté dans la Zhun.

Parlez-nous de l’état du secteur de la santé ?

Ce secteur est vital et pour la population et pour le tourisme. Mais nos structures font face à des manques en moyens humains et de matériels. Il y a souvent besoin et nécessité d’évacuer les patients et il n’y a pas assez d’ambulances. Notre EPH ne dispose que d’une seule ambulance vétuste.

Il faut dire que l’établissement est assez propre puisqu’il est nouveau, mais il est exigu, il ne dispose d’ailleurs pas de parc. Il souffre également du manque de médecins spécialistes et de généralistes. Le manque en équipements est lui aussi criant. Pour ce qui est de nos unités de soins, elles fonctionnent généralement avec un seul infirmier et les soins prodigués sont élémentaires. Nous appelons la direction concernée à renforcer nos structures sanitaires en personnel et en matériel.

L’environnement est aussi un parent pauvre à Tigzirt…

Absolument, c’est d’ailleurs un souci majeur. Nous ne disposons ni de décharge contrôlée ni encore moins d’un CET. La décharge sauvage sise au centre-ville est une honte pour toute notre région. En été, pour empêcher la propagation des mauvaises odeurs, nous couvrons les ordures avec des tas de terre.

Et la situation va se compliquer davantage, puisque le site qui abrite la décharge servira à la réalisation de logement LSP et nous n’avons pas d’autres endroits où évacuer nos déchets. C’est un appel de détresse que nous lançons aux responsables concernés pour la réalisation d’un CET, c’est d’une importance capitale pour toute la région.

Tigzirt accuse également un manque en matière d’infrastructures hôtelières. Y a-t-il un programme pour

augmenter les capacités d’accueil ?

C’est tout à fait exact, les quelques petits hôtels du privé existants ne répondent pas à la demande. Je dirai même que l’offre est insignifiante par rapport au flux d’estivants et de touristes. Toutefois, la formule d’hébergement chez l’habitant vient en appoint, pour offrir plus de places d’hébergement. Pour augmenter réellement nos capacités d’accueil, il faut à tout prix lancer les nombreux projets d’investissement privés dans ce domaine. Tigzirt dépend beaucoup du tourisme.

Tigzirt et Béni Maouche de Béjaïa avaient été retenues pour participer au CAPDEL. Qu’en est-il de ce programme ?

Tigzirt et Béni Maouche ont, en effet, été retenues pour participer au programme CAPDEL financé par l’Union européenne et le ministère de l’Intérieur. Un programme qui concerne la démocratie participative, les PCD Intelligents, la formation des élus et de la société civile et bien sûr pleins de projets de développement. Après des ateliers tenus dans notre commune, nous avons été éloignés de ce programme pour des raisons inexpliquées. Je profite de cette occasion pour interpeller le ministre de l’Intérieur, afin qu’il nous rétablisse dans notre droit.

Entretien réalisé par Hocine Taib.

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