«Tamazight vit un moment décisif»

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La Dépêche de Kabylie : Le mouvement populaire 2019 a-t-il des similitudes avec Avril 1980 ?

Hakim Saheb : Effectivement, il y a une similitude extraordinaire entre 1980 et ce mouvement. Un fait anodin. Le printemps amazigh est parti d’une simple interdiction d’une conférence de Mouloud Mammeri ce qui démontrait l’excès de zèle du wali de l’époque. C’est une étincelle qui a donné naissance à un printemps extraordinaire qui fut en réalité l’aboutissement d’un long combat pour la reconnaissance de l’identité amazighe, l’affirmation de notre citoyenneté et le combat pour la démocratie.

La similitude consiste en le fait que ce qui provoqué le 22 février, c’est un mépris terrible affiché envers le peuple algérien, avec l’ultime provocation de l’annonce d’un 5e mandat de Bouteflika : un ‘’cadre’’ à la présidence de la république. Le peuple algérien a ressenti un affront, l’humiliation de trop. Et c’est ce qui a donné naissance à un mouvement de contestation extraordinaire. Non seulement, le peuple a rejetté le 5e mandant, mais il revendique le départ de tout le système politique algérien avec ses symboles et ses pratiques.

Les événements d’aujourd’hui ne peuvent être toutefois calqués sur ceux qui ont prévalu à ce moment là…

Je pense que la différence réside dans le fait que le mouvement 1980 était mieux structuré et c’était un combat qui s’inscrivait dans le long terme, qui puisait ses racines dans le mouvement national et dans la crise de 1949. Il était structuré autour de la revendication identitaire et démocratique. Le mouvement de 1980 était un choc qui a suscité les luttes démocratiques et syndicales.

Et Tamazight dans tout cela ?

Plus que jamais, tamazight vit un moment décisif. C’est l’une des priorités de la future Algérie. C’est un axe fondateur de l’Algérie de demain, comme la refonte de la justice, comme la démocratie, comme le respect de la pluralité. Tamazight aussi est un test.

Entretien réalisé par F. M.

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