À l’école des réformes

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Par Ali Boudjelil

Continuer à parler éternellement de la réforme éducative, c’est assurément avouer que l’échec du système fait toujours jaser. C’est de notoriété publique, tout le monde le voit, sauf celui qui ne veut pas voir, nombre d’Algériens, au sortir de leur école ou de leur université, se voient raser les murs avec les analphabètes ou fuir leur pays pour se retrouver, en tant que médecins, infirmiers et ingénieurs, avec toute leur érudition.

Le médecin ou l’avocat formé dans les années soixante et soixante-dix dans la prestigieuse faculté d’Alger est hautement qualifié, car, hormis de se pencher sur Thalès, Pythagore ou la théorie de l’évolution, il causait de Voltaire et se souciait peu de l’Enfer, puisque n’ayant jamais entendu son maître l’enjoignant de maîtriser l’art de laver un mort avant de le mettre six pieds sous terre. Bien des initiatives de réformer le système ont été prises.

La plus célèbre aura été celle qui accoucha de l’école fondamentale, qui, selon des avertis, se résumait à dispenser des cours qu’on prodigue, sous le ciel d’où elle est importée, à des inadaptés mentaux. Les résultats de cette réforme se sont évidemment vérifiés durant la décennie noire. Au réveil, on l’abandonna pour faire oublier le BEF et revenir au BEM, mais concomitamment avec cette outrecuidance naïve de faire passer aux primaires la cinquième au lieu de la sixième, comme s’il se fût agi d’actionner un levier de vitesse.

Puisqu’il est admis qu’on n’enseigne pas ce qu’on sait, mais ce qu’on est, pourquoi alors ne pas après avoir réformé tous les réformateurs aux fourbes intentions, ne pas se résoudre, une bonne fois pour toutes, à confier cette noble tâche aux disciples de ceux qui œuvrent à ce que leurs enfants ne pensent et ne suent qu’à découvrir et à améliorer les performances des portables avec lesquels notre jeunesse, et même notre engeance, s’applique, au sortir de la mosquée, à faire l’éloge de la vie ici-bas et à l’immortaliser pour la postérité ? Car ceux qui parlent anglais savent qu’ils négocient très bien en accomplissant leur Omra.

A. B.

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