Alerte à l’hépatite A !

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Depuis quelques jours, plusieurs cas d’hépatite «A» sont signalés aux quatre coins de la wilaya de Bouira, notamment au niveau du chef-lieu de wilaya.

Contacté hier matin, le docteur Hani, médecin au niveau du service de la prévention de la Direction de la santé de Bouira, a en effet confirmé que près de 28 cas ont été enregistrés depuis le début de l’année dans plusieurs communes de la wilaya, dont le chef-lieu. «La situation épidémiologique sévissant ces derniers temps au niveau de notre wilaya laisse présager que nous sommes au début d’une épidémie d’hépatite virale A.

Depuis le 1er janvier dernier, nous avons recensé 28 cas à travers la wilaya. Ce que nous considérons comme un phénomène inhabituel car d’habitude, ceci est l’apanage des saisons estivales, été ou automne, mais l’inquiétude est là en craignant que survienne une épidémie.

Rien qu’au chef-lieu de wilaya, huit cas ont été enregistrés ces derniers temps, trois à Haïzer, un cas à Taghzout, un autre à Ain Bessem, un à El-Hachimia, deux à M’Chedallah, trois à Ath Mansour, un à Sour El Ghozlane, sept cas à Lakhdaria et un cas à Guerrouma.

Pour la ville de Bouira avec ses huit cas, deux cas ont été enregistrés au village agricole Said Abid, un cas au centre-ville à proximité du quartier Château d’eau, un cas également aux 1 100 logements, deux cas à la cité AADL, un cas à Ras Bouira et le dernier cas a été recensé avant-hier à Draâ El Bordj», détaille Dr Hani.

Pour ce médecin, on ne peut pas dire qu’il s’agit directement d’une épidémie car pour la qualifier ainsi, il faudrait enregistrer cinq cas dans la même semaine et dans la même localité. «La spécificité de l’hépatite virale ‘A’ (HVA), est qu’elle affecte beaucoup plus, à 99,99% les enfants de moins de 15 ans. C’est une affection généralement bénigne qui ne nécessite même pas une hospitalisation, car les malades sont pris en charge en ambulatoire.

Toutefois, pour des raisons de malnutrition ou des cas liés au facteur endogène du malade, dans un cas sur 1 000 survient ce que l’on appelle la forme fulminante ou une insuffisance hépatique aiguë avec le foie qui ne fonctionne plus et elle s’avère mortelle. Pour le moment, nous n’avons pas enregistré ce genre de cas et tous les cas ont fait l’objet d’une enquête épidémiologique autour des foyers avec des mesures nécessaires», précise le médecin épidémiologiste de la DSP

Le docteur Hani affirme, par ailleurs, qu’à chaque fois qu’il est prouvé une défaillance en matière d’eau, les services de prévention sont saisis et ces deniers saisissent à leur tour le chef de daïra, l’APC ou l’ADE lorsqu’il s’agit de son réseau AEP. Pour le chef de service de prévention de la DSP, l’émergence de cette hépatite n’est pas fortuite car elle survient suite aux dernières pluies avec la durée d’incubation de ce virus qui est de l’ordre de quinze jours à un mois.

«Il se peut que les inondations et les infiltrations d’eau dans le réseau d’eau potable soient à l’origine de ces foyers. Ceci n’est qu’une hypothèse mais actuellement, nous attirons l’attention des citoyens sur les mesures à prendre car de notre côté, nous allons renforcer les contrôles de l’eau. Le secrétaire général de la wilaya, qui est le président du comité des MTH, est informé des mesures à prendre comme le renforcement de la surveillance de l’eau ce qui est du ressort de l’ADE à 95%, alors que pour quelques communes, ce sont aux APC de procéder au contrôle», tient à rassurer Dr Hani.

«Pour les malades une fois atteints, l’apparition de l’ictère avec coloration jaunâtre des téguments ou des yeux peut se présenter, mais la plupart des gens restent porteurs sains et ne développent pas la maladie. La source de contamination peut être de l’eau, ou des aliments souillés ou lavés avec de l’eau contaminée. Également, l’hépatite ‘A’ peut se transmettre de manière indirecte, comme les MST, car pendant certaines relations sexuelles, il se produit ce que l’on appelle un péril fécal. En matière de prise en charge, c’est une maladie virale et il n’y a donc pas de traitements spécifiques.

Nous administrons le traitement en fonction des symptômes apparents, généralement avec l’apparition de fièvre on prescrit un traitement antipyrétique. L’antipyrétique préconisé surtout dans notre société avec l’automédication pratiquée couramment,$ est le Parcétamol, car lorsqu’il s’agit d’une hépatite il ne faut pas donner de la Catalgine pour les infections virales. Pour les femmes sous pilule, une fois atteinte par l’hépatite ‘A’, elle doit changer de méthode de contraception car la pilule est catabolisée au niveau du foie.

De ce fait, il est nécessaire de laisser pendant une certaine période le foie au repos pour ne pas aggraver la cytolyse. J’attire également l’attention que l’hépatite touche beaucoup plus les élèves scolarisés et se caractérise par deux choses : L’hépatite virale ‘A’ peut être aiguë mais n’est pas chronique, donc le risque de cancer comparé à l’hépatite ‘B’ ou ‘C’ n’existe pas. Enfin, cette maladie garde comme séquelle une période au cours de laquelle l’enfant est toujours fatigué et son niveau scolaire le reflète, c’est une conséquence de l’hépatite virale ‘A’ et ceci est normal», prévient Dr Hani.

Hafidh Bessaoudi

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