À travers cet entretien, le maire de Souamaâ, Nasser Heciane, fait le point sur la situation de la municipalité dont il préside les destinées. Il évoque fatalement le projet en souffrance de la zone industrielle et d’autres projets à la traîne. Comme il fait part des acquis à l’actif de son mandat, désormais à mi-chemin.
La Dépêche de Kabylie: Deux ans après votre installation, quel bilan faites-vous à mi-chemin du mandat ?
Nasser Heciane: Je tiens d’abord à revenir un peu en arrière, pour rappeler les points principaux autour desquels est basée notre campagne électorale : la gestion transparente et participative des affaires publiques de la commune ; l’équité dans la répartition des projets à travers les différents villages de la commune ; œuvrer sans relâche pour la relance des projets restés en souffrance des années durant… La gestion participative et transparente que nous avons adoptée a vu la participation des représentants de la société civile (comités de village) dans la répartition des projets à travers les villages de la commune, dans l’attribution des aides sociales (habitat rural, couffins Ramadhan…)
Peut-on avoir un point de situation sur les projets en cours ou en souffrance dans la municipalité ?
On a d’abord le lycée : grâce aux efforts des élus locaux, des députés et de l’administration, qui a porté son choix sur une entreprise très performante, en l’occurrence Slimani, qui a repris les travaux abandonnés des années durant, l’établissement est fin prêt pour recevoir les élèves de la commune de Souamaâ. Il y a le projet du poste avancé de la Protection civile.
Depuis notre installation, nous n’avons pas cessé d’entreprendre les démarches auprès des autorités concernées pour relancer les opérations restées en souffrance pour diverses raisons. Le poste avancé de la Protection civile était d’abord touché par le gel. Après la levée du gel et pour relancer le projet, l’administration de la Protection civile se trouve confrontée aux problèmes de procédure d’expropriation du terrain et de son indemnisation.
Le terrain initialement choisi au lieu-dit Timejrourad pour la réalisation du projet est dans l’indivision et les propriétaires sont installés un peu partout en Algérie et à l’étranger et demandent un prix fort pour son indemnisation. Ceci a refroidi l’ardeur des responsables de la Protection civile qui disent que la concrétisation du projet dans de telles conditions est impossible. Plusieurs autres sorties ont été effectuées pour choisir un autre terrain, mais pour les mêmes raisons ou autre d’éloignement, elles sont toutes infructueuses.
Après réflexions et concertations avec la société civile et de peur de perdre définitivement le projet, nous avons choisi le jardin public pour la réalisation du projet. Le choix de terrain est officialisé par un PV, le bureau d’étude est désigné. Le projet du stade communal à Ighalene a été relancé par la DJS. Des travaux d’aménagement extérieur et de confortement sont actuellement en cours de réalisation. Il figure parmi les dix stades retenus pour leur engazonnement.
Compte tenu de l’énorme déficit qu’accuse notre commune en matière d’infrastructures sportives, j’espère que les travaux du stade communal de Souama seront engagés dans les meilleurs délais possibles. Aussi, je demande aux autorités concernées équité et transparence dans la répartition des projets. Concernant les 48, ou plus, projets d’aménagement d’aires de jeu dont a bénéficié la wilaya de Tizi Ouzou, aucune information n’a filtré sur leur répartition, si ce n’est des rumeurs faisant croire que certaines communes, pourtant bien nanties en la matière, bénéficieraient de huit autres projets.
Le projet de la zone industrielle de Souamaâ qui a fait tant de bruit peine à voir le jour…
Peu de temps après notre installation, le wali de Tizi Ouzou m’a invité pour me parler du projet de la zone industrielle, projet que nous avons classé prioritaire dans notre plan d’action. La discussion a abouti sur la nécessité de réunir les propriétaires terriens, pour leur parler et les sensibiliser dans le but d’aboutir à la concrétisation du projet. Un rapport détaillé sur le déroulement de cette entrevue, que j’ai eue avec les propriétaires terriens, dans lequel des propositions concrètes ont été formulées, a été remis à Monsieur le wali.
Depuis, plusieurs réunions regroupant le wali, son exécutif et les propriétaires terriens ont été tenues. Une session extraordinaire de l’APW consacrée à ce projet a abouti à une délibération pouvant passer directement à l’étape de la réalisation. Sauf que la situation en est toujours à ce stade, sans avancée remarquable.
La population de Souamaâ se plaint aussi de plusieurs autres problèmes, notamment le manque de transport, de l’éclairage public, de l’assainissement, du ramassage scolaire et surtout de l’AEP…
Pour le transport scolaire, il faut savoir une chose : ce n’est pas uniquement le transport scolaire des élèves de Tagelt qui est perturbé. Quand on utilise un nombre de chauffeurs pour autant de bus, il faut s’attendre à ce genre de perturbation. Il suffit que l’un d’entre eux tombe malade pour qu’il y ait perturbation ! On utilise des chauffeurs recrutés aux postes d’ouvriers professionnels, de chauffeurs lourds, de chauffeurs légers pour transporter ces élèves ! Les recrutements sont suspendus depuis 2015 !
Quand on utilise des bus vieux de plus de trente ans (Sonacome 49V8 de l’année 1985), il faut s’attendre aussi à ce qu’il y ait des pannes ! Avec les rentes insignifiantes, des communes rurales comme la nôtre ne peuvent pas rénover leur parc roulant, elles ne peuvent pas non plus se permettre des locations de bus pour parer à toutes ces perturbations. Elles se contentent des subventions de l’État. Pour ce qui est de l’électrification, il s’agit plus d’extension que d’électrification car notre commune est électrifiée à 100 %.
Nous avions trouvé un seul projet d’extension aux lieux-dits Aqdouh et Tala n’Saridj, au village Aït-Zellal, à l’arrêt pour cause d’opposition du comité de village. À notre arrivée, il y a eu poursuite des travaux. À Aqdouh, l’électricité a été mise en service, il ne reste que l’éclairage public qu’il faut mettre en service une fois le compteur payé puis installé. À Tala-n’Nsaridj par contre, plus de 40 nouvelles constructions, ne figurant pas dans l’étude réalisée en 2011, doivent elles aussi en tirer profit.
C’est ainsi qu’en collaboration avec le comité de village d’Aït-Zellal, nous avons pu obtenir de la wilaya une rallonge nécessaire au raccordement des nouvelles constructions. Nous avons également transmis une liste des constructions non encore électrifiées aux services concernés de la wilaya, pour une éventuelle prise en charge. Pour l’AEP, nous pensions qu’après la mise en service de la nouvelle chaîne d’alimentation d’Aït-Khellili, l’alimentation en eau potable des villages de la commune de Souamaâ allait être améliorée. Hélas, la vétusté du réseau de distribution, les pannes récurrentes d’électricité et des moteurs de pompage font que les promesses faites par les services concernés ne sont qu’un leurre.
Des opérations sporadiques entreprises par les services de l’hydraulique et de l’ADE qui consistent à réparer des conduites usées ne sont que du replâtrage. Une politique à moyen et long termes pour le règlement définitif du problème d’alimentation en eau potable doit être mise en place. Pour l’inscription de projets sectoriels, des études sont nécessaires. L’étude du réseau de distribution du village Aït-Zellal est terminée, quelques réserves à lever.
Dans le programme PCD 2019, nous avons lancé l’étude pour Souamaâ, Tagelt et Iguer Guedmimene. Des opérations de renforcement des équipements hydrauliques sont en cours ou programmées. Un réservoir d’une capacité de 200 m3 a été réalisé à Iguer, deux autres sont prévus, l’un à Souamaâ en projet et l’autre à l’étude au village Aït-Zellal. Quant à la ressource, une proposition de forage au niveau de l’Oued Sébaou, à hauteur de Tala-Ali, a été faite au service de l’hydraulique. Le principe a été retenu pour un forage d’essai.
Par ailleurs, il faut savoir que s’il y a des projets que nous avons privilégiés par rapport à d’autres, ce sont ceux de l’assainissement. Certains citoyens qui n’aperçoivent pas ces travaux ou qui ne leur attachent pas beaucoup d’importance, répètent les slogans prônés par une certaine catégorie de personnes mal intentionnées : ‘’Rien ne bouge ‘’. D’autres personnes s’étonnent quand on leur parle de plusieurs millions de dinars qui sont réservés à la réalisation des assainissements. Il n’y a effectivement pas de projet ‘’tape-à-l’œil’’.
L’année 2018, un montant de 16 452 000,00 DA sur une dotation de 40 000 000,00 DA, soit un taux de 41 %, a été réservé au secteur hydraulique dont 12 478 000,00 DA aux projets d’assainissement à travers le territoire de la commune. Seul le projet de réalisation d’un réseau d’assainissement de Timizart vers le rejet village Tagelt sur 500ML demeure en souffrance en raison de la défaillance de l’entreprise Aït-Oufella. La résiliation aux torts exclusifs de l’entreprise a été prononcée.
Au 31 décembre 2018, nous avons enregistré un reliquat de 6 000 000,00DA sur un total de 50 617 000,00DA, soit un taux de consommation de 88%. L’année 2019, plus de 17 390 000,00DA sur 42 000 000,00DA, soit un taux de 41%, sont réservés au secteur de l’hydraulique. Cette année, les projets ont eu un début de travaux timide en raison des lenteurs administratives (C.F) et de la situation actuelle du pays (grèves).
Entretien réalisé par Kamela Haddoum