«Avec chaque départ… une victoire»

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La mobilisation s’est poursuivie hier encore et pour la dixième semaine consécutive à Bouira. En effet, des milliers de citoyens ont encore une fois battu le pavé à travers les rues de la ville de Bouira, afin d’exiger «un changement démocratique radical». Les manifestants qui se sont regroupés dans deux places distinctes, vers 13 heures, à savoir au niveau de la place de la maison de la culture et au niveau de l’ancienne cité Évolutif, ont fini par se rassembler dans une seule marche populaire qui a regroupé près de 200 000 personnes.

Au cours de cette marche, des slogans hostiles au pouvoir, notamment au gouvernement, à Bensalah, mais aussi aux autres symboles du système, ont été brandis par les manifestants qui ont rejeté toutes les propositions de sortie de crise issues de l’actuelle Constitution. Les protestataires ont réitéré la fameuse revendication pour le départ des symboles de l’ancien système politique «Yetnahaw gaâ» et ont exigé l’adoption d’une solution politique consensuelle. Drapeaux amazighs et emblèmes nationaux aux mains, la majorité des manifestants ont aussi dénoncé ce qu’ils ont qualifié de «tentatives de division et de manipulation du mouvement populaire».

Pour eux, le peuple algérien doit rester uni et soudé pour préserver sa patrie et développer son futur : «Les Algériennes et Algériens réclament une solution politique consensuelle qui marquera le début du changement démocratique tant espéré. Nos revendications ne sont pas impossibles à concrétiser, au contraire ce sont les personnes qui sont au pouvoir actuellement qui bloquent le lancement du processus de changement. Nous réclamons toujours le départ des «B».

Nous réclamons l’installation d’un gouvernement de transition avec des hommes et des femmes dignes de confiance de tous les Algériens», dira un manifestant croisé hier lors de cette marche. Notre interlocuteur assure que le mouvement en question est parti pour s’inscrire dans la durée et ne s’essoufflera pas aussi facilement : «Les Algériens sont un peuple fier et déterminé. Leur dignité a été longtemps trainée dans la boue et leurs droits bafoués par un système politique sans la moindre légitimité et gangrené par la corruption.

Aujourd’hui, il est grand temps de céder le pouvoir au peuple, notamment à travers l’élection d’une assemblée constituante qui sera chargée de gérer la période de transition et d’écrire la Constitution démocratique de la deuxième République», a-t-il encore ajouté. Par ailleurs, les manifestants ont aussi appelé à l’arrestation des hauts responsables politiques qui avaient autorisé la dilapidation de l’argent public et les opérations de corruption : «C’est bien de lancer des poursuites judiciaires contre les hommes d’affaires corrompus qui ont ruiné l’économie du pays, mais il est important aussi de convoquer les responsables politiques qui avaient accordé les privilèges à ces hommes d’affaires corrompus et incompétents.

Le chef de la bande dénoncée par Gaid Salah, n’est toujours pas inquiété, nous demandons à la justice de l’interpeler pour qu’il soit jugé pour tous ses actes», dira Thiziri, une manifestante. Vers 15h30 et juste après la fin de la marche, les manifestants se sont rassemblés au niveau de la place de l’ancienne cité Évolutif, qui a été aménagée la veille par des bénévoles pour accueillir le rassemblement des citoyens.

Quelques minutes après, la foule a commencé à se disperser et aucun incident n’a été enregistré durant toute la durée de cette mobilisation. Les marcheurs se sont dispersés dans le calme et ont promis de revenir à la charge au cours de la semaine et vendredi prochain si leurs revendications ne sont pas satisfaites : «Avec chaque départ et chaque procès de la justice, c’est une victoire pour nous. Nous n’avons pas besoin de représentants ni de portes paroles, le peuple négocie directement avec le pouvoir, c’est de la démocratie directe. Nous resterons mobilisés jusqu’au départ de l’ensemble des responsables de la tragédie nationale», dira, enfin, un autre manifestant.

Oussama Khitouche

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