«C’est une perte monumentale pour l’Algérie»

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Dans ce bref entretien, le maire d’Ath Yenni, Smaïl Deghoul, nous parle d’Idir, l’enfant des Ath Lahcen. Il évoque aussi un projet qu’Idir avait proposé pour sa région lors de sa dernière visite en 2015.

La Dépêche de Kabylie : Ath Yenni, avec elle l’ensemble de l’Algérie, vient de perdre son enfant, un monument de la culture berbère, l’un des grands ambassadeurs de la chanson kabyle. Pouvez-vous nous décrire le sentiment qui règne dans votre commune ?

Smaïl Deghoul : La mort d’Idir n’est pas une perte que pour les Ath Yenni, c’est une perte monumentale pour toute l’Algérie qu’il a tant chantée avec engagement et amour. Ici, que ce soit dans son village ou dans les sept villages de la commune natale d’Idir, la nouvelle nous est parvenue comme un coup de massue, bien que nous le sachions gravement malade. Il n’est pas nécessaire de dire combien la perte d’un enfant de la région est en général douloureuse pour toute la communauté, que dire alors de la perte de Hamid, l’homme qui a porté la voix de la Kabylie et de toute l’Algérie à l’international. C’était un vrai universaliste.

Sa famille semblerait avoir opté pour son enterrement en France ?

Il est trop tôt pour parler de cette question, d’autant plus que rien n’est encore précis sur le lieu de l’enterrement d’Idir. En ma qualité de maire et fils de son village natal, je suis rentré en contact avec sa famille dès l’annonce de son décès, et jusqu’au moment où je vous parle (l’entretien a été réalisé hier à midi), rien n’est encore décidé. Certes notre souhait à tous et de voir reposer pour l’éternité Da Hamid, que Dieu ait son âme, ici, sur la terre de ses ancêtres qu’il avait tant chantée. Cette terre qui a aussi vu naître et disparaître des monuments de la culture algérienne, à l’instar de Mouloud Mammeri, Mohand Arkoun, Brahim Izri et tant d’autres.

La dernière visite d’Idir à sa région natale en 2015 fut riche en évènements mais aussi en idées qui devaient être traduites en projets, qu’en est-il depuis ?

Tout à fait ! Lors de sa dernière venue à Ath Yenni qui lui avait rendu un hommage à cette occasion, Idir était très optimiste quant aux idées que les enfants de son village portent en eux pour le bénéfice de la culture locale. Il était très heureux de constater cela de visu et de l’entendre de la bouche des villageois de sa localité. Idir nous a longuement parlé de sa tournée qu’il devait réaliser après les deux concerts qu’il avait donnés à la Coupole d’Alger. Je voudrais citer particulièrement une idée qu’il nous a proposée afin de la transformer en projet ici même à Ath Yenni.

Il s’agit de la création d’un atelier de musique moderne qu’il devait parrainer au profit des enfants de la localité. Hélas, à son retour en France, la maladie a eu raison de lui d’où, à mon avis, l’annulation de sa tournée prévue en Algérie. Je tiens, si vous me le permettez, à présenter, à travers vos colonnes, mes condoléances les plus attristées à la famille Cheriet et à toute la commune d’Ath Yenni. Mes pensées vont aussi à tous ses fans et à tous ceux qui admirent Da Hamid et furent bercés par ses chansons. La disparition d’Idir n’est que physique, car il continuera à briller au firmament aux côtés de Mouloud Mammeri, Brahim Izri et les autres monuments de la culture berbère qui ne sont plus de ce monde.

Entretien réalisé par M. A. Temmar

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