Forte émotion à Boumessaoud

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Que d’émotion au village Boumessaoud, en ce 26 janvier 2013, 1er anniversaire de la disparition de Cherif Kheddam, maître incontesté de la chanson algérienne et kabyle, qui a formé des générations d’artistes tels, Lounis Aït Menguellat, Idir, Karima et Nouara, pour ne citer que ceux-là. 

A l’entrée du village Boumessaoud, une banderole sur laquelle on souhaitait la bienvenue aux invités faisait face à un portait géant de l’artiste. L’ouverture de la cérémonie a débuté par une prise de parole du président de l’association organisatrice de l’événement, qui a souhaité la bienvenue aux présents. Puis, vint le tour de Mohand Oubelkacem Kheddam, cousin du disparu et auteur du livre « Données fondamentales de la civilisation amazighe » qui a relaté en quelques mots cette journée mémorable : « Ce jour éveille tout un patrimoine et secoue les consciences en évoquant de grands souvenirs, il ressuscite un parcours, une histoire, relatifs à notre âme, à notre identité spécifique, culturelle, linguistique et poétique. Cherif Kheddam est une légende vivante… ». Après ce témoignage, l’assistance s’est dirigée vers le cimetière, dans un calme religieux, pour se recueillir sur la tombe de ce monument de la chanson algérienne, où plusieurs associations avaient déjà déposé des gerbes de fleurs, avant la lecture de la Fatiha. C’était le moment le plus émouvant de la journée où se lisait sur la plupart des visages de la tristesse, certains n’arrivant pas à retenir leurs larmes, pendant que des femmes poussaient des youyous. « Elles sont sûrement des proches de Dda Cherif », dira un des présents.  Vers 11h, une chorale composée de 9 filles, toutes habillées de robes kabyles, ont interprété quelques chansons puisées du riche répertoire de ce génie de la chanson algérienne qui a su donner à notre patrimoine culturel une dimension universelle et insuffler un cachet original à la musique kabyle, par l’introduction d’instruments modernes. Ensuite, des amis d’enfance du défunt se sont succédés sur scène et ont rapporté leurs témoignages sur la vie de l’artiste, son enfance, ses débuts dans la chanson …etc. Malgré le mauvais temps, plusieurs personnalités du monde artistique et culturel ont fait le déplacement afin d’honorer le défunt en ce 1er anniversaire de son décès. Etaient aussi présents, les chanteurs Ali Ideflaouène, Rabah Ouferhat, Azouaou Belkacem, El Hadi Ould Ali, directeur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, et d’autres personnalités, de même que les autorités locales de la daïra d’Iferhounène, des APC de la région et les services de sécurité relevant de la daïra. Après le déjeuner, une pièce théâtrale intitulée « Targuit add laz », tirée de l’œuvre de Cherif Kheddam (Sligh iyema thenad anagh », (combien de fois ai-je entendu ma mère se plaindre), traitant de la difficulté de la vie en Kabylie, mise en scène par Abdellaoui Hacène et Amara Larbi et interprétée par la troupe du village Boumessaoud. Ensuite, il sera procédé à un concours de poésie consacré à l’illustre chanteur.  Tout au long de la journée, des expositions traitant de la vie et l’itinéraire de Cherif Kheddam accueillait les visiteurs au niveau de la maison de jeunes du village, pendant les chansons de l’artiste étaient diffusées sans interruption. Rencontré à l’entrée de la salle de projection, le président de l’association « Cherif Kheddam », dira que « L’association va se transformer, désormais, en Fondation Cherif Kheddam et nous projetons de créer, avec l’aide de la commune, une école de musique qui portera le nom de cet illustre artiste qui a sorti notre village de l’anonymat». Les habitants de Boumessaoud ont commémoré ce premier anniversaire du décès de leur enfant prodige par des pleurs et des fleurs. Pour rappel, ce grand auteur, compositeur et interprète, est décédé dans un hôpital parisien à l’âge de 85 ans, le 23 janvier 2012 et fut enterré dans son village natal le 27 du même mois. Dda Cherif restera toujours une légende vivante, car il a légué aux générations futures un riche et inépuisable patrimoine, où pourront se ressourcer les chanteurs de demain, il n’a rien laissé au hasard. Un artiste de cette trempe ne pourrait mourir. 

Madjid Aberdache      

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