La femme éclairée et le tyran borné

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2e partie

Les années passent, la petite fille est devenue une très belle jeune fille très convoitée. Les demandes en mariage affluent de partout, mais son père ne veut pas la marier. Les nantis lui offrent des présents par chargement, mais il s’obstine à refuser et ne leur donne pas la moindre explication.Un beau jour, le roi envoie ses fidèles serviteurs au père de la fille pour qu’ils l’amènent au palais. Ils ne trouvent personne sur les lieux, ils tapent à la porte personne ne leur ouvre. Ils insistent, c’est alors qu’ils entendent une voix leur dire : – “Our zmiragh ad ldigh thabourth aqline g’er l khidh d’elh’idh, yemma throuh’ad selek’ erroh d’i erroh’ Ma d’ vava athan di lekhla la itsourar thak’ourth ! (Je ne peux vous ouvrir la porte, je suis prise en étau entre le fil et le mur. Ma mère est allée délivrer un être d’un autre être. Quant à mon père, il se trouve aux champs en train de taquiner une rondelle de liège avec une canne en bois !).Les serviteurs ne comprennent rien à cela et retournent au palais pour informer le roi. Après les avoir écouté lui rapporter fidèlement les propos de la jeune fille, il leur dit : – “Ces énigmes s’adressent à moi, voici comment les interpréter : la première énigme veut dire : la jeune fille ne peut ouvrir la porte car elle est occupée par le métier à tisser. La deuxième énigme veut dire que sa mère est allée couper le cordon ombilical d’un nouveau-né, quant à la troisième énigme, elle veut dire que son père est allé chercher des fagots de bois dans la forêt en prévision de l’hiver qui ne tardera pas à arriver.”Quelques jours plus tard, il envoie de nouveau ses serviteurs pour ramener la jeune fille au palais, pour les suivre, elle leur dit que son mari doit lui ramener deux objets, l’un pour la faire danser, l’autre pour la faire pleurer.Retournés bredouilles au palais, les serviteurs rapportent au roi ce qui leur a été dit par la jeune fille. Malgré sa perspicacité, le souverain n’arrive pas à trouver la solution. Courroucé, il appelle ses gars et leur dit de lui ramener amghar azemni (le vieux sage) seul capable de lui donner les réponses valables. Mis au courant des faits, le vieux sage lui dit :- “Les deux objets que demandent cette jeune fille sont un oignon (thivçelte) et un tambourin (avendayar). Emmène-les lui, elle viendra cette fois-ci”.Et c’est ainsi que la jeune mariée rejoint le palais, pour se forcer à pleurer, elle épluche l’oignon, pour danser demande qu’on lui fasse vibrer le tambourin. Ses caprices assouvis l’Ag’ellid’ l’épouse, à la condition qu’elle n’interfère jamais dans sa façon de gouverner. Les festivités durèrent sept jours et sept nuits.Quelques jours plus tard, deux hommes, l’un propriétaire d’une vache et l’autre d’une chèvre gravide se rendent au marché pour les vendre. Comme ils viennent de très loin et, qu’ils sont fatigués, ils décident de passer la nuit ensemble. Craignant qu’on ne lui vole sa vache, le propriétaire demande à son compagnon de route d’instaurer un tour de garde. Le propriétaire de la chèvre refuse, arguant que sa bête est de faible valeur par rapport à la sienne et que s’il veut faire la garde, il n’a qu’à la faire tout seul. N’étant pas arrivé à convaincre le propriétaire de la chèvre de faire la garde, le propriétaire de la vache décide de la faire lui-même. Mais comme il était très fatigué, il ne tarde pas après minuit, de sombrer dans les bras de Morphée.Son compagnon qui s’était reposé en dormant à poings fermés se réveille, et constate que la vache a vélé un veau, et sa chèvre a mis bas un chevreau.

(A suivre)Benrejdal Lounès[email protected]

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