Les écoles d’archéologie étrangères enfin célébrées

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Pour la première fois de son histoire, la Grèce rend hommage au travail passionné des 17 instituts archéologiques étrangers, qui au cours de leur 160 ans d’existence ont mis au jour dans tout le pays les plus grandes merveilles du monde antique.Le ministère grec de la Culture a mis sur pied une exposition à Athènes, qui s’achèvera le 8 janvier, présentant le travail de ces écoles sur une cinquantaine de sites, de Samothrace (nord) à la Crète minoenne (sud), des sites romains (ouest) aux temples grecs de Samos et de Lindos (est). « Le ministère de la Culture reconnaît l’apport des écoles étrangères archéologiques dans le progrès de la recherche archéologique et présente pour la première fois leurs travaux au public », affirme une grande pancarte à l’entrée de l’exposition. Du jamais vu depuis 160 ans. Jusqu’ici les écoles étaient plus habituées à la réserve, à la méfiance, voire à l’hostilité des autorités grecques, tenant aux conditions quasi coloniales dans lesquelles avaient été accordées au XIXe siècle les concessions de fouilles aux « grandes puissances ». C’est l’Ecole française (EFA) qui sera fondée la première en 1846, suite à l’expédition de Morée (1829-1831) conduite par le général Maison, qui libéra le Péloponnèse du joug ottoman. Une création politique qui a pour but d’affirmer le prestige de la France et de battre en brèche la forte influence de l’Angleterre dans la région. La création de l’Ecole allemande, l’autre grande rivale, en 1873, et le début des fouilles allemandes à Olympie en 1875, poussent les Français à s’engager résolument dans la recherche archéologique, une politique qui trouve son point d’orgue avec la « Grande fouille » de Delphes en 1892. La concurrence se renforce avec la fondation d’autres écoles étrangères: américaine en 1882, anglaise en 1885, autrichienne en 1898, italienne en 1909. « La Grèce est le berceau de l’humanité, il était normal que l’humanité se penche sur le berceau », plaisante le directeur d’une grande école. Le XIXe sera le siècle d’or de l’archéologie avec la découverte des statues de rêve comme l’Hermes de Praxitèle à Olympie, de la Vénus de Milo, ou les trouvailles de Delphes, qui bouleversent la connaissance de l’art. Les découvertes de Schliemann à Mycènes, de ses tombeaux et son or, et plus tard d’Evans à Cnossos, en Crète, constituent de véritables épopées qui passionnent le public. En marge de l’exposition, la Grèce a également organisé une conférence inédite, qui a réuni mercredi tous les directeurs des écoles. « C’est la première fois qu’on est là tous ensemble, on prend conscience de l’ampleur de nos travaux, cela crée un effet de masse », s’est réjouit le directeur de l’EFA, Dominique Mulliez, interrogé par l’AFP. La rencontre « est très importante, elle nous permet de comprendre le travail de tous et leur ampleur, c’est impressionnant », relève Evi Touloupa, ancienne directrice de l’Acropole d’Athènes. Toutes ces écoles ont encore plusieurs chantiers de fouilles et tous les spécialistes s’accordent pour dire que la Grèce n’a pas révélé toutes ses richesses. La directrice des antiquités classiques et préhistoriques Aikaterini Kyparissi a été jusqu’à parler « d’une nouvelle vague de philhellénisme », en référence aux artistes et personnalités européennes (Lord Byron, Goethe, Victor Hugo) qui soutenaient le combat des Grecs pour leur indépendance. Et le directeur général des Antiquités et du Patrimoine, Lazaros Kolonas l’a promis sous les applaudissements : « nous recommencerons tous les ans ».

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