Cheikh El Hasnaoui, parcours d’un chanteur pas comme les autres

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De son vrai nom Mohamed Khelouat, Cheikh El Hasnaoui, un monstre sacré de la chanson algérienne et l’un des maîtres incontestés de la chanson kabyle, est né le 23 juillet 1910 dans le hameau de Taâzibt, du village de Tadart Tamuqrant, à 9 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou. El Hasnaoui perd sa mère alors qu’il n’avait que 2 ans. Son père, quant à lui, sera enrôlé par l’armée française dès le début de la première guerre mondiale.  L’enfant se retrouva ainsi tout seul dans une société  où régnaient en maître la misère, la faim et la pauvreté. A l’âge de 12 ans, Mohammed, ne trouvant rien à faire dans sa région, décida d’aller à la Casbah d’Alger, où il trouva un travail de nuit, sur les quais du port. Dans la journée, il ne tarda pas à écumer les endroits fréquentés par les artistes et s’initia ainsi à la chanson pour laquelle il se découvrit une passion. Son père, blessé au combat, revint au village et décida de ramener son fils à la maison. Mais ce dernier n’y resta pas longtemps. Les conditions de vie ne lui permettaient pas d’y exercer son talent et de laisser libre cours à sa passion pour la musique et la poésie. Il repartit donc à Alger, où rencontra et côtoya El Anka, animant avec lui des fêtes de mariages et de circoncisions. Une occasion qui lui a permis de se distinguer des autres, notamment grâce à sa grande maîtrise des deux langues, l’arabe et le kabyle, mais aussi grâce à son style, sa voix mélancolique et touchante et à ses textes qui évoquent la douleur sentimentale. A l’âge de 16 ans, il retourna à son village. Mais au bout de quelques années, n’arrivant pas à s’y épanouir complètement et n’ayant pas pu épouser, Fatma, la jeune fille dont il était tombé follement amoureux, le père de celle-ci s’y refusant arguant la trop mauvaise réputation des chanteurs et autres artistes, El Hasnaoui se décida à quitter, sans jamais y revenir, son village, sa famille, ses amis et son pays, en 1937. De 1939 au début des années 50, avant le déclenchement de la Guerre d’Algérie, il produisit l’essentiel de son répertoire composé de 46 chansons dont 29 en Kabyle et 17 en arabe algérien. Mais l’exile accabla profondément l’artiste et le marqua à jamais. D’ailleurs, la majorité de ses chansons évoquent la solitude, la peine et la difficulté de vivre loin des siens. Les titres les plus connus en sont la meilleure preuve : “Ad ṛuḥeɣ», Sani, sani», “ Ma tebɣiḍ ad n-ṛuḥ», “ṛuḥ ay aḥbib-iw ṛuḥ»,  “ Inet-as ad d-yas», “ṛuḥ a bu utabani», “Lɣerba tewɛeṛ», entre autres. L’œuvre musicale de Cheikh El Hasnaoui fut et est toujours une immense source d’inspiration où se sont abreuvés  de grands chanteurs algériens, à l’instar de Lounès Matoub, Lounis Aït Menguellet, Takfarinas,  Kamel Messaoudi, pour ne citer que ceux-là. El Hasnaoui a rendu l’âme, le 6 juillet 2002, à Saint Pierre de la Réunion, en France.

K. M.

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