Nécessité de revisiter l’Histoire à travers le prisme du 7ème art

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Trois spécialistes du cinéma, Ahmed Bejaoui, Mohamed Bensalah et Si Hachemi Assad, ont souligné dimanche dernier à Oran, la nécessité de « revisiter l’histoire à travers le prisme du 7ème art ». Au cours d’une journée d’étude sur le cinéma national intitulée « Mémoire et cinéma en Algérie », les trois conférenciers se sont intéressés, sous des angles différents, à la problématique du 7ème art national, son évolution historique, sa situation actuelle et ses perspectives. L’universitaire, critique et cinéaste Ahmed Bejaoui, dans sa conférence intitulée « Regards et lectures critiques sur le cinéma algérien depuis l’indépendance », est remonté aux sources du cinéma algérien, rappelant qu’en 1935, deux documentaires ont été tournés par Tahar Hannache. Le premier film algérien a été tourné en 1954. Il s’agit du « Le plongeur du désert » de Djamel Hannache, assisté de Djamel Chanderli. Il a été censuré par l’administration française. Avec le déclenchement de la guerre de libération nationale, le cinéma a été utilisé comme un art et une arme pour porter haut la voix et l’image de l’Algérie combattante. « La guerre a été gagnée par l’intelligence. Le cinéma algérien est né dans le maquis », souligne Ahmed Bedjaoui, relevant la production de films comme « Les fusils de la liberté » et « Yasmina ». « Il y eu en tout cinq courts métrages qui ont été diffusés dans les télévisions américaines et ont fait des dégâts du côté français, contribuant à mieux faire connaître la cause algérienne », a-t-il estimé. Concernant la situation actuelle du 7ème art, le conférencier a déploré que tout ce qui a été fait depuis l’indépendance « a été défait et on ne retrouve plus le fil d’Ariane ». Pour lui, « ce ne sont pas les films qui font le cinéma, mais c’est le cinéma qui fait les films ». De son côté Mohamed Bensalah, dans sa conférence « Discours historiques, discours cinématographiques », a examiné les articulations entre les deux discours. « Tout le monde ne reçoit pas les films de la même manière, d’où des décryptages différents », a-t-il précisé soulignant qu’il y a plusieurs aspects dans la lecture critique d’un événement historique, dont le cinéma, et le décryptage passe par le contexte de production. Le conférencier a relevé le cas des occultations des faits avérés par les colonialistes durant la guerre d’Algérie, celle du Vietnam et, aujourd’hui, les conflits du Moyen Orient, parlant dans ce cas précis de « silence assourdissant ». Concernant le cinéma algérien, il dira que celui-ci « réapparait, aujourd’hui, à travers certains films qui rappellent que les blessures ne sont pas encore cicatrisées », soulignant qu’il faut « revisiter l’histoire à travers le prisme du cinéma ». Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut commissariat à l’Amazighité auteur et cinéaste, a parlé de son ouvrage et de son film consacrés à Mohand Idir Aït Amrane, un défenseur de l’amazighité et homme engagé dans la lutte pour la libération du pays. « Parler de cet homme, c’est parler de l’histoire contemporaine de l’Algérie », a-t-il estimé. Pour le conférencier, « la problématique de la mémoire doit être prise en charge par les chercheurs mais aussi par les cinéastes ». Par ailleurs, outre le volet conférence, les organisateurs ont mis sur pied une séance vente-dédicace des ouvrages d’Ahmed Bejaoui « Cinéma et guerre de libération nationale », et de Si El Hachemi Assad « Idir Aït Amarane : l’itinéraire d’un homme de culture ». Des extraits du film consacré à Idir Aït Amrane ont été projetés à l’intention de l’assistance ainsi qu’un entretien avec le défunt cinéaste, ami de l’Algérie, René Vauthier, réalisé par le vidéaste Hadj Fitas. Cette journée d’étude a été organisée par l’Unité de Recherche sur la Culture, la Communication, les Langues, la Littérature et les Arts relevant du CRASC d’Oran et le Centre des études maghrébines en Algérie (CEMA).

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