Un gala émouvant

Partager

Le disque lunaire atteignait, avant-hier soir, le zénith et, d’une rondeur quasi parfaite, il déversait sur la place, devant la maison de la culture, son flot argenté. L’heure était propice à l’évasion, au rêve. Trois chanteurs au talent confirmé aspiraient, ce soir-là en ouvrir, tout grand, les portes devant un public qui ne demandait qu’à appareiller vers d‘autres rivages : les frères Gaham (Aïssa, Hocine et leur cousin Djamel), d’Aït Laziz, Faouzi Bessaoudi et son orchestre de Takerbust et Salah Edine Bouraï et son groupe Zama, de Bouira. Chacun avec les moyens artistiques qui étaient les siens a créé cette ambiance magique qu’on ne voit que dans les grandes soirées parfaitement réussies. Premiers à ouvrir la soirée, les Frères Gaham ont interprété quatre chansons de leur répertoire. La première ‘’Assas El Bhar’’ (le gardien de la mer) est une nouvelle chanson et fait partie d‘un album qui sortira prochainement. C’est une chanson qui parle d’été de plages et de joie de vivre. La deuxième, ‘’Ayameghvun’’ (pauvre malheureux), a fait vibrer la foule de spectateurs qui s’est lancée dans une danse échevelée. Par son air, elle évoque un peu le raï, le tout sur une musique très entraînante. Les deux autres sont du même tonneau, surtout la dernière ‘’Enfas il arbi’’ (Laisse Larabi tranquille), une chanson qui s’adresse à une française amoureuse d‘un nord-africain. Les frères chantent en kabyle, cela va de soi, mais dans le prochain album, ils chanteront également en français. Quant à notre question pour savoir s’ils sont tentés par l’étranger, Hocine, celui qui chante en jouant de la guitare, est catégorique: «J’aime le soleil de mon pays». Leur succédant, Faouzi Bessaoudi, qui sortira début 2016 son premier album, alors que le groupe existe depuis 2000, a maintenu l’ambiance au même niveau d‘échauffement, faisant danser les jeunes sur différents rythmes. Les deux premières chansons ‘’Ah Yadini’’ et ‘’Nadam Oussezmiragh’’ sont des reprises appartenant au répertoire d’Amour Abenour. Les deux autres ‘’Thamourth’’ (Mon pays) et ‘’Svragh’’ (J’ai trop patienté) sont également des reprises empruntées à un autre répertoire connu. Le chanteur, qui milite pour la cause kabyle qu’il défend ardemment dans ses chansons, sera du 7 au 11 juillet à Larbâa Nath Irathen, à Raffour et à Takerbust (le 7 et le 8 juillet). La lune, faisant penser à un pamplemousse dans ciel comme seul en offre un été africain, bascule légèrement vers l’ouest, lorsque le groupe Zadma monta sur scène, créant une ambiance à part, complètement différente des deux précédentes. Il proposa un mélange de rock et d’alaoui (Dana Dayni qui chante la gêne matérielle des jeunes qui veulent se marier), de berbéro-celtique (Nalou, on est là), de ballade rock (Khoya Moh, mon frère Moh), une ballade sentimentale(Kinouali), et une autre ballade enfin qui est un mélange d’africain-gnaoui (Tchec Yaouedi). Le jeune Bouraï, chantant en arabe et en kabyle, a produit un effet «bœuf» avec ces différents courants musicaux qu’il a su habilement mixer et servir comme une gourmandise à un public féru de nouveauté et d‘exotisme. Même les gestes du chanteur qui battaient la mesure et accompagnaient les paroles ont charmé car ne manquant pas de grâce. Ce groupe bouiri, né il y a environ trois ans, sortira prochainement son premier album. Puis, la place commença à se vider vers une heure. La foule se dispersa. La lune, belle et ronde, continuait à illuminer le ciel et la terre.

Aziz Bey

Partager