Les danses et les chants africains, un message multidimensionnel

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Le colloque tenu à la marge de la 10e édition du Festival culturel international arabo-africain de danses folkloriques, a abordé globalement un même sujet générique ayant trait «à la culture de la non violence, de la paix et au dialogue entre les peuples». Il va sans dire que l’Africain de quelque contrée, qu’il soit d’Algérie au Cap de Bonne-Espérance, du Sénégal à la Somalie, a le rythme dans la peau. Aussi bien pour célébrer ses naissances, ses réjouissances, ses batailles, ses morts, il le fait en dansant et en chantant. Chaque événement tribal, familial ou national est en soit une occasion de réjouissance. Et ceci, rituel comme tradition, est à inscrire dans les habitudes culturelles et cultuelles africaines. «Il nous parait nécessaire, comme le soulignait dans son intervention le Dr Iddir Abderrazk, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, de prime abord, de distinguer entre deux sens du concept «culture» : l’un est déclaratif et il renvoie à l’ensemble des croyances, des connaissances et des comportements dans les domaines de la religion, de la science, des traditions et de la politique, qui distinguent un groupe humain donné. Ce sens correspond à la notion de la nature. Ainsi, la culture est tout ce que l’homme a ajouté à l’existence en termes de sens et d’expressions, dans son interaction créative avec la nature et ses pairs, dans un temps et un espace déterminés. Le deuxième sens de la culture est normatif et évaluatif et il est utilisé pour signifier un certain niveau de compétence variée qui dépasse le cadre de la spécialisation et de la compétence professionnelle et qui confère au comportement de l’excellence. Nous nous intéressons dans cet article au premier sens de la culture. En présentant une définition de l’illustre anthropologue Britannique Edward Burnett Tylor (1832-1917), dans son ouvrage «Primitive culture», traduit en français sous le titre «la civilisation primitive», paru entre 1873-1874, «La culture est un ensemble complexe qui englobe les connaissances, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes et tout autre capacité et habitude acquise par l’homme en tant que membre d’une société». Il y a lieu de souligner le rôle fondamental de l’anthropologie dans le développement du concept de la culture. L’UNESCO a réaffirmé dans sa déclaration universelle sur la diversité culturelle en 2001 que «la culture doit être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social et qu’elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances». Cette définition est conforme aux conclusions de la Conférence mondiale sur les politiques culturelles (MONDIACULT, Mexico, 1982), de la Commission mondiale de la culture et du développement (Notre diversité créatrice, 1995) et la Conférence intergouvernementale sur les politiques culturelles pour le développement (Stockholm, 1998).» Si nous prenons le cas de Mandela, l’homme politique, le militant anti apartheid, en un mot, l’homme le plus chanté au monde, il s’était exprimé dans tous ces registres. Il a dansé dans toutes les situations, qu’elles soient gratifiantes ou infamantes, heureuses ou malheureuses. Il a aussi chanté. Léopold Sedar Senghor, le chantre de la négritude, a tant évoqué dans ses poèmes la civilisation et les valeurs du continent noir. Toute sa poésie repose sur la célébration de la beauté de sa terre natale, dont la femme africaine symbolise à la fois la puissance, la sensualité et le rayonnement. C’est la foi dans la « civilisation de l’universel ». Une œuvre qui évoque les forces de la terre et les valeurs ancestrales du pays natal. Lorsque l’Africain parle de lui, il s’exprime en ces termes : «Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur». Le tamtam tonne pour annoncer un heureux événement que pour annoncer l’affliction. Toutes ces raisons, l’une comme l’autre, représentent toujours une raison de danser, de faire vibrer le corps à perdre haleine. Il est vrai que l’Afrique n’a toujours pas réussi à faire imposer la paix à son continent. Arrivera-t-elle à l’imposer par le tamtam, la danse et le clair chant ? Nul ne le sait !

Sadek A.H.

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