Pour les habitués et les visiteurs qui empruntent la descente de Hasnaoua, à Tizi-Ouzou, il est difficile de ne pas remarquer les dizaines de livres posés par terre, dans un coin du trottoir. En effet, depuis déjà 20 ans Mohamed Halit, ce retraité de l’éducation nationale, âgé de 71 ans, traîne avec lui ses cabas pleins de livres. Nous l’avons abordé il s’est livré à nous et nous a raconté son histoire. «Je suis née en 1945, à Béni Douala. Pendant l’époque coloniale, je n’ai pas pu faire des études. En 1962, j’ai intégré une école, je voulais tellement apprendre, j’étais plus âgé que tous les autres élèves, mais ma volonté était très forte». «J’ai été classé 7ème sur un ensemble de 200 participants au concours national de l’éducation», nous dira-t-il fièrement. L’aventure de Halit Mohamed, commence alors dans l’enseignement dans les années 70. Après sa retraite, il nous dira que son «amour du livre» l’a poussé vers ce métier de bouquiniste. Assis dans son coin, ce bibliothécaire ambulant, entretient lui-même ses livres d’occasion. Il nous confiera prendre soin de ses livres comme il prendrait soin de ses enfants. Mohamed Halit vend et échange les livres avec les amoureux des livres comme lui. Il ne gagne pas beaucoup, parfois, il ne gagne rien. Mais, l’argent n’a jamais été son objectif, nous a-t-il précisé. Il nous confiera toutefois «regretter» l’ancienne époque où les gens lisaient : «Aujourd’hui, les gens ne portent plus grand intérêt aux livres», dira-t-il, avec tristesse. La plupart des livres proposés par ce vieil homme fait partie de sa collection personnelle, mais il nous dira qu’il s’approvisionne également dans les bibliothèques et auprès de particuliers.
Kamela Haddoum