Les leçons… d’un salon !

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Qui aurait pu imaginer, il y a de cela quelques années, que le chef-lieu de la commune de Boudjima serait sous les feux de la rampe et le théâtre d’un événement que couvriront des journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision ?

Qui pouvait croire que ces ruelles verraient défiler des milliers de personnes, hommes et femmes de tous âges se dirigeant vers la bibliothèque communale ? Qui s’attendrait à voir en ce lieu ces dizaines d’écrivains algériens, français, italiens et autres artistes, tels que les peintres et les poètes, dans cette bâtisse qui a du mal à contenir toute cette illustre foule et ces grappes de personnes avides de culture? Et enfin, qui aurait imaginé cette commune, économiquement quasiment sinistrée, organiser un salon du livre dans des normes internationales avec toutes ces conditions d’accueil comprenant transport, restauration et hébergement de tous ces invités venus de plusieurs wilayas du pays et de l’étranger, avec des caisses presque vides ? Mais le salon du livre a bien eu lieu ! La cinquième édition du Salon du livre de Boudjima, qui eu lieu les 19, 20 et 21 avril, a été d’une réussite époustouflante pour une commune qui peine à assurer son modeste confort. Cette manifestation littéraire et culturelle a débuté en 2014 et n’a pas manqué une année au rendez-vous. Accosté, le maire de Boudjima, M. Smail Boukherroub qui en est à son 5ème mandat consécutif, dira : «Je ne crois pas nécessaire de souligner le succès croissant du Salon du livre de notre commune. Cela a été bien dit par la presse, les observateurs, les écrivains et les artistes invités, dans leurs interviews et comptes rendus. Nous avons pris sur nous de relever ce défi d’organiser cette manifestation culturelle de grande envergure avec en sus l’intention d’en faire une tradition à l’avenir. Loin de tout aspect politique, la fête est celle de tout le monde. Notre commune est presque déshéritée sur le plan économique, elle ne vit que de son agriculture et de ses quelques commerces. Il faut qu’elle se relève par ses enfants. Nous leur offrons un espace de culture et de savoir qui leur permettra, nous l’espérons, de briller et de sortir leur région du néant. Le savoir et la culture sont les garants d’un développement certain, nous voulons que notre jeunesse profite de l’opportunité de la présence de ces sommités parmi nous et du fruit de leur production. Je les remercie énormément de nous honorer de leurs présence et je salue en eux leur disponibilité et leur générosité, comme je remercie tous les visiteurs et l’ensemble de nos organisateurs». En effet, tôt le matin de ce 19 Avril 2018, dans les alentours de la bibliothèque communale «Mohia», les jeunes organisateurs du salon, badges à la poitrine, se mettent à réguler le flux des voitures des visiteurs et participants dans les différents parkings pour les orienter ensuite vers le comité d’accueil assuré par de ravissantes et souriantes jeunes filles. Pour chaque écrivain, artiste, maison d’édition, représentant de librairie, un stand attend avec affichage de nom. La presse est cordialement renseignée sur tout le programme. Un panneau affiche à l’entrée de l’édifice, heure par heure, les différentes conférences et tables rondes qui auront lieu à la salle des conférences du premier étage. Vers 10 heures, l’inauguration officielle du salon fut lancée par le maire. Des petits écoliers de la localité feront des interventions de lecture des différents écrivains sur lesquels ils ont travaillé dans leurs ateliers de lecture durant des mois. Ce fut ensuite au maire de souhaiter la bienvenue à tous et de remercier les différents donateurs, remettant aux présents un diplôme de remerciement symbolique…le salon est lancé. Dans l’édifice, des écrivains commencent déjà des ventes dédicaces. La première conférence débutera avec Frederique Devaux, et sera suivie par entres autres Younés Adli, Amine Zaoui et beaucoup d’autres, les journées suivantes. Pour la restauration, un vaste appartement de plusieurs salles, mitoyen de la bibliothèque, est réservé au service des repas. Les participants sont invités au déjeuner de midi, puis au thé et au café. Le service est assuré par des volontaires, femmes et hommes. L’on notera qu’au deuxième jour du salon, le menu est composé de couscous kabyle aux fèves, huile d’olive et petit lait. Dans la salle à manger qui réunit écrivains, artistes et journalistes, l’on voit l’illustre peintre Denis Martinez se servir et discuter du menu qu’il trouve visiblement à son goût. Une artiste Kabyle recommande de ne pas mettre trop d’huile mais plutôt beaucoup de lait caillé. Un écrivain journaliste dit trouver ce plat préférable à une entrecôte ou un steak en déclarant : « et puis nous sommes le 20 Avril, vivement un plat amazigh !» Dans la salle une foule immense serpente entre les stands, des cameramen de télévisions filment et posent des questions aux différents participants, des jeunes sortent leur téléphones portables, filment et se font prendre en photos avec les écrivains. Des dizaines d’enfants, tenus par la main par leurs parents investissent les stands des livres pour enfants, poussent leurs parents à sortir les portefeuilles, se saisissant de plusieurs livres à la fois. Des discussions animées se tiennent entres lecteurs et participants. Il est à noter la parfaite organisation assurée par des hommes et des femmes disponibles, gratifiant tout le monde de larges sourires une grande politesse. Une véritable réussite dont le mérite revient à tout le monde. Au-delà de la promotion de la lecture et de la culture en général, ce salon a offert trois agréables journées aux participants et visiteurs qui s’accordent tous à dire : «Vivement l’année prochaine pour un autre rendez-vous».

Ferhat Tizguine.

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