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L’art culinaire à l’honneur

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Avant même de songer à l’aventure de l’écriture, les hommes ont d’abord appris à chasser pour se nourrir et s’habiller. Ils ont aussi labouré la terre pour permettre aux entrailles de celle-ci de libérer les graines de la subsistance. Plus près de nous, dans le temps et l’espace, Châteaubriand, le célèbre écrivain de «Mémoires d’outre-tombe», disait à propos de l’acte de l’ecriture et le besoin vital de manger : «On ne peut pas être inspiré sans avoir au préalable soupé». Un autre dicton en arabe populaire dit «Ki Techba El Karch, Rass Igheni», (quand le ventre est plein, la tête chante). L’importance de l’art de cuisiner (osons le mot) puisqu’on parle maintenant de l’art culinaire, n’est pas à démontrer. Des milliers de livres de recettes sont édités annuellement. La radio, le télévision s’intéressent à l’art culinaire. N’avons-nous pas assisté ces derniers temps à la naissance de chaînes de télévision 100% cuisine ? C’est l’ére de la télévision thématique. Il ya aussi les journaux, les sites Web qui consacrent des pages entières à ce métier exercé aussi bien par les hommes que par les femmes. C’est dire l’importance de l’art culinaire ! Malha et Ghania sont deux jeunes filles natives du village de Tala Mayache, dans la commune de Mizrana. Elle ont décidé de s’investir corps et âme dans l’art culinaire kabyle, et ce ne sont pas les idées qui manquent à ces deux jeunes filles. En effet, elles ont plus d’une recette dans leur sac…Sous l’égide de l’association «Tamesguida», aujourd’hui en cessation, elles ont décidé de montrer à travers de multiples expositions leur savoir-faire. Par la pratique de tous les jours aussi, elles ont réussi à redonner vie à 32 recettes de cuisine anciennes que concoctaient jadis nos ancêtres aussi bien dans les moments de déche que les moments festifs. Comme nous allons le voir, les recettes sont parfois faites exclusivement à base de semoule et de plantes. Pendant les fêtes, tel Yennayer, la viande séchée et les légumes secs conservés dans les Ikoufane étaient à l’honneur. Malha n’a pas un niveau scolaire élèvé. Elle a tout juste le niveau de 6e. Mais comme on dit entre «leqraya» et «Lefhama», il ya un pas qu’il faut franchir. Ghania a poussé un petit plus dans ses études puisqu’elle a décroché son BEF. Accessoirement à ce métier de cuisinières à l’ancienne, elles font aussi de la couture-broderie. Rencontrée à Tizi Ozou, lors des festivités du 20 avril, Macha nous apprend «qu’elle a appris toutes ces recettes qui sont au nombre de 32 par la pratique quotidienne mais aussi en lisant les livres de cuisine, en écoutant les vieilles personnes et les émissions radiophoniques». Les recettes, comme nous l’avons signalé sont préparées à base de plantes, semoule et l’indétrônable huile d’olive. L’art et la manière de mijoter ces plats se chargeant du reste. Pour le plaisir du palais, voici pour vous quelques recettes choisies au hasard. «Pain aux fleurs» (aghrum oujejig) est préparé à base de semoule, farine de pois chiches, petits pois et huile d’olive. «Tahbult Naâna» (galette à la menthe) est un mélange de bibras (ail sauvage), semoule, Menthe folio et huile d’olive. “Arkoul» est préparé à base de blé vert séché, puis moulu. On y ajoute de l’eau, du sel et de l’huile d’olive. Cette recette reste très à la mode aujourd’hui en Europe, notamment en France «Boulghour» fait à base de céréales germées qui donnent beaucoup de vitamines aux sportifs qui en prennent. A titre anecdotique, un cycliste accusé de dopage s’en défend : «Je vous jure, je n’ai pris que des céréales germées». C’est vous dire que les recettes de nos aïeux sont loin d’être anodines ou misérabilistes. Les céréales germées rentrent aussi dans le processus de fabrication de la bière inventée par les Babyloniens sous le nom de «pain liquide». Malha et Ghania veulent créer leur propre association afin de faire profiter tout le monde des bienfaits de cette cuisine végétarienne et bio. L’appel est lancé.

M. Ouaneche

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