C’est-à une façon de faire de la politique, plus humaine, compréhensive de la souffrance des masses populaires que nous convie «La Misère du monde», un livre écrit en 1993 par une équipe de sociologues sous la direction de Pierre Bourdieu. Comment naît la misère sociale? Quelles en sont ses causes et ses formes contemporaines? Comment réagissent ceux qui la subissent?… Telles sont les quelques questions auxquelles l’œuvre tente d’apporter des réponses. Produit d’enquêtes qui ont duré trois ans, le livre nous brosse un tableau vivant de la société française et nous explique les conditions qui favorisent la production des injustices et de la misère sociale. Tous les espaces de la vie sociale où se créent souvent des conflits individuels et collectifs sont examinés. La famille, la cité, l’école, le monde ouvrier, l’univers des paysans et des artisans… presque tous les milieux sont interrogés pour tenter de comprendre la souffrance et la misère qui y poussent malgré que la société de manière générale croule sous d’énormes richesses.Et les témoignages recueillis sont très édifiants à la compréhension des mécanismes de production de différentes formes de la misère sociale. Là, on fait parler une assistante sociale, ici, un policier dans une banlieue défavorisée, ailleurs, un proviseur d’un lycée aux prises avec la violence, ailleurs encore, un simple ouvrier, un diplômé, clochardisé… etc. Les témoignages qu’ils nous livrent nous apprennent mieux que tous les discours politiques. D’ailleurs, le livre n’a pas manqué de souligner la fossé existant entre les masses populaires et leurs responsables politiques. Ces derniers, préoccupés plus par la promotion de leur personne, délaissent leurs concitoyens qui s’expriment parfois de manière violente en dehors des cadres institués quand ils ne se résignent pas à leur sort.Livre attachant «La Misère du monde» nous propose tout simplement de faire de la politique autrement.
Boualem