Abdenour Abdeslam nous écrit : A propos de «La colline oubliée œuvre et résonnances»…

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Dans votre édition du jeudi 29 juillet et à la page culture un article titré « La colline oubliée œuvre et résonnances » a été publié et signé de BYL sous la forme d’une note de lecture se rapportant à un des faits d’amour traité dans le film la colline oubliée de Mouloud Mammeri. Le rédacteur de la note a totalement dénaturé la trame sur laquelle il s’est focalisé en se trompant de personnage engagé dans une des scène d’amour du film. En effet il s’agit, dans le roman de Mammeri et dans le film, de Mennach épris de Davda et non de Mokrane personnage central du roman et de l’œuvre cinématographique qi en a été faite. D’autre part, BYL s’est hasardé à affirmer que dans le film le fameux « baiser » entre Mennach et Davda (et encore une fois non entre Mokrane et Davda) n’était pas présent. Etant l’auteur des dialogues en kabyle du film, je précise que l’embrassade a été clairement suggérée par la réplique des dialogues ciselés et les gestes que se sont échangés les deux acteurs. De plus, la suggestion a été accentuée par le réalisateur en faisant éteindre la bougie de la chambre par une rafale de vent qui s’est engouffrée sous la porte. Plus encore, à l’intrusion inattendue de Lyatmas dans la chambre on voit clairement Mennach et Davda se précipiter à s’éloigner l’un de l’autre après le baiser suggéré (Lyatmas venue s’enquérir de la santé de sa fille Azi). Cette combinaison du noir et d’un acte d’amour suggéré est une pratique professionnelle et courante dans le monde du cinéma. Précisons tout de même que la scène d’amour n’était pas la seule thématique du roman et du film. C’est toute une fresque de la vie des montagnards qui a été décrite.

Abdennour Abdesselam

(auteur des dialogues du film

« La Colline Oubliée » 1993).

Réponse

M. Abdesselam, auteur des dialogues du film La colline Oubliée, je vous concede, à juste titre, que dans une inexplicable confusion d’idées au moment de l’écriture, comme l’auront sans doute corrigé d’eux-mêmes nos lecteurs, nous nous sommes lourdement trompés de nom de personnage, en apparentant à Mokrane et non à Mennach, le rôle de l’amoureux épris de Davda, Cela dit, l’article paru jeudi dernier, ne doit pas être lu comme une critique au film non plus. Une œuvre littéraire peut, en effet, être interprétée d’une infinité de manières, chaque version mettant l’accent sur un aspect ou un autre, cela ne peut que l’enrichir. Créer la controverse autour d’une œuvre n’est autre que le cachet de sa grandeur et de sa profondeur sémiotique et philosophique. Le film ayant, comme le roman, dépeint le quotidien des Kabyles, leur vécu, leur misère et tout leur art de vivre, a traduit la pensée mammerienne, celle qui fait du Roman le témoin de son époque. La scène dont il a été question, a certes été suggérée dans le film, ledit acte est présupposé sémiologiquement, la combinaison des signes : bougie éteinte, précipitation des deux acteurs à s’éloigner l’un de l’autre en plus d’autres gestes ; mais notre article tendait à dévoiler une autre facette du roman, l’étreinte n’étant pas en elle-même un accomplissement, l’auteur en a fait l’adjuvant de l’anti-héros (Mennach et non Mokrane), pour en équilibrer le schéma narratif. Ce qu’il y a lieu de souligner, c’est la subtilité de Mouloud Mammeri qui, sans rien fustiger, a remis en cause, religion et traditions ensemble. C’est mon interpretation, vous pouvez en avoir une autre différente de la mienne, et je vous le concède également, par avance.

B.Y.L.

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