Le septième art à l’agonie

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Le septième art, moyen performant de communication, d’information et de culture des masses populaires, est malheureusement réduit chez nous à sa plus timide expression. L’exemple de la wilaya de Béjaïa est à cet égard édifiant, bien que la capitale des “Hammadites” soit affublée d’éloquents qualificatifs tels que “Cité de l’art”, “Musée de civilisation à ciel ouvert” ou “Ville du savoir”. Comptant près d’une dizaine de salles de projection éparpillées sur l’ensemble de son territoire, le département administratif de Béjaïa semble pourtant bien loti en infrastructures pour faire du spectacle cinématographique une tradition locale bien ancrée. Mais la réalité est tout autre, et les cinéphiles ne savent plus à quel saint se vouer pour se faire entendre. Hormis la cinémathèque qui fait dans la résistance, le grand écran n’est pas chez lui à la Soummam. Souvent propriétés des collectivités locales, les dites salles de cinéma, à l’instar de celles d’Aokas, Tichy, Kherrata où Amizour, sont soit inexploitées soit cédées à des particuliers au terme de douteux contrats de location qui ne servent en rien le 7e art. Ces édifices culturels, bien qu’ils soient dotés du matériel nécessaire à leur fonctionnement, ont perdu depuis des années leur vocation première pour devenir de simples éléments dans le décor tourmenté du champ culturel local. Servant parfois à de vulgaires projections “vidéo” ou à l’animation de galas musicaux durant le Ramadhan ou pendant les saisons estivales, ces lieux désertés depuis longtemps par les cinéphiles fonctionnent comme des miroirs aux alouettes, attirant écoliers et adolescents en mal de mutation, pour ne servir en fin de parcours que les poches profondes du locataire gérant. A l’état où en sont les choses aujourd’hui, on peut dire sans crainte que le grand écran s’est éteint. La réhabilitation de ces espaces hautement symboliques avec des cahiers de charges bien clairs est un impératif pour la pérennité du cinéma.

Rabah Zerrouk

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