La chanteuse Djamila n’est plus !

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La chanteuse kabyle Djamila est décédée avant-hier, à Alger, à l’âge de 89 ans, des suites d’une longue maladie. L’enterrement a eu lieu, hier, au cimetière de Dely Brahim (Alger) en présence d’une foule nombreuse. De son vrai nom Djohar Bachène, la chanteuse est née le 2 mai 1930 à Aït Bouhouni, dans la commune d’Azazga, wilaya de Tizi-Ouzou. Elle se retrouve orpheline de père à l’âge de 12 ans et c’est elle qui élèvera ses frères et sœurs. À seize ans, elle vivait entre Ben Aknoun, Bouzaréah et Alger et fut introduite par Mme Lafage, fondatrice de la radio kabyle, au sein des émissions de la chaîne II de la radio nationale.

Elle participe à plusieurs émissions. Elle devient animatrice au sein de la radio chaîne II. Djamila, à l’instar de ses ainées et de ses consœurs, intervient pour diffuser tous les pôles et les repères pédagogiques afin d’éduquer les auditeurs. Après la petite expérience qu’elle a acquise à la radio, Djamila s’est mise à écrire et à chanter des chansons qui ont eu un grand succès populaire. Qui ne connaît pas «Abahri», «Sioutass sllam», qui étaient des messages pour les émigrés, «Arnu yas aman a xali», «A chauffeur u taxi», «Awid afus ih», «A zahr iw akka ig ibgha», «Ifut l hal», «Tamurt ledzayer n hamlits tamurt negh…».

Par la suite, elle a rejoint la chorale féminine Ourar el khalath à la chaîne II. Et peu à peu, grâce à sa personnalité, elle est introduite dans les feuilletons et sketchs radiophoniques. Elle a été sollicitée pour jouer dans plusieurs films, comme «Le colonel Si Belaid», «Le bus des rêves» en 1962 réalisé par Mustapha Tizraoui, «Le vent des Aurès» de Lakhdar Hamina, «Les hors la loi» de Toufik Farès, «Roméo et Juliette» de Mohamed Hilmi, «Leila et les autres» de Sid Ali Mazif et participera au premier film de langue kabyle de Bouguermouh intitulé «Tawrirt i tswatsun» (La colline oubliée» adapté du roman de Mouloud Mammeri.

L’animatrice et chanteuse Djamila se perfectionne dans l’apprentissage écrit de la langue française et apprend même, en cours du soir, l’arabe et passe son permis de conduire. Elle deviendra ainsi artiste de la radio algérienne. Son dévouement artistique en tant que chanteuse, animatrice d’émission et comédienne qu’elle a dispensée pendant près d’un demi-siècle à la radio algérienne lui vaudra une grande reconnaissance du public algérien qui l’aime et qui la connaît dans les quatre coins de l’Algérie.

L’artiste faisait partie de ces femmes qui se sont révoltées contre leur époque, contre un joug imposé par une société masculine, où la liberté de la femme constituerait le plus grand des sacrilèges. C’est une femme qui a préféré l’errance et toutes les misères dues à la soumission et au fatalisme, une femme pleine d’espoir. Elle se fraye un passage, une place pour coller le verbe libre à toutes les bouches. Reposes en paix !

Amar A.

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